2014 – 2024 : le Grand Périgueux « fête » cette année ses 10 ans ! Mais au-delà de cette décennie symbolique, l’intercommunalité périgourdine témoigne d’expériences réussies, bâtie par étapes successives. Le tout dans le respect des communes. L’architecture institutionnelle a ainsi été voulue pour ne laisser aucune d’elles au bord du chemin.La Communauté d’agglomération a ainsi pu élaborer un projet de territoire sainement construit. Elle représente aujourd’hui une référence tant en matière de relations villes – agglo que par sa capacité à relancer un territoire jadis enclavé. Entretien avec Jacques Auzou, Président de la Communauté d’agglomération du Grand Périgueux, maire de Boulazac Isle Manoire.
- Quelle histoire intercommunale a abouti à l’actuelle EPCI ?
Le Grand Périgueux et ses 100 000 habitants offrent à ce grand bassin de vie une visibilité ainsi qu’une réelle masse critique : de quoi bénéficier d’une réelle opportunité de développement !
La constitution de l’actuelle intercommunalité n’a cependant pas été un long fleuve tranquille.
En 1987, Périgueux était la seule ville de droite de son agglomération. Aussi faute d’entente suffisante entre élus l’intercommunalité se résumait-elle à une coopération autour notamment des transports.
Les élus se divisaient entre deux conceptions de l’interco : soit une association de la ville centre à quelques petites villes et bourgades mitoyennes. Soit, et c’est la vision que je défendais, une vision plus ambitieuse. L’autoroute A89 qui est venue désenclaver la Dordogne dans les années 90 a servi de cadre fédérateur : il s’est agi d’inclure dans l’interco chacun des trois échangeurs autoroutiers qui desservent Périgueux.
Issue de la transformation du district créé en 1994, l’ancienne Communauté d’agglomération périgourdine – la CAP – a connu une première fusion avec la Communauté de communes Isle Manoir en Périgord (20 000 habitants) que je présidais.
Une seconde fusion est intervenue. Elle a intégré les 9 000 habitants de la communauté de communes de Vergt.
D’un territoire jadis clivé entre deux blocs concurrents est ainsi né un ensemble solidaire.De 65 000 à plus de 100 000 habitants : voilà un gain en poids et en effet d’échelle. Ce seuil démographique apporte également des dotations de l’Etat ou encore par exemple de dotations transport supplémentaires.
- Quelles considérations ont conduit à une présidence par le maire de Boulazac Isle Manoire, 10 000 habitants plutôt par exemple qu’un élu de la ville centre ?
Soulignons que Boulazac représente la troisième commune de la Dordogne et la deuxième de l’agglo. Et comme je l’ai indiqué, je présidais déjà une des intercommunalités fondatrices de l’actuelle Communauté d’agglomération. Mais aussi et surtout, une présidence distincte de la ville centre prémunit le Grand Périgueux contre un mal qui ronge nos agglomérations, notamment ici dans le Midi : une interco au service de la seule ville centre. Ici, chacune des 43 communes a véritablement le sentiment de compter pour une. Le Grand Périgueux s’est ainsi affirmé comme une intercommunalité honnête, respectueuse et solidaire.
- Quelles grandes réalisations a apportées en 10 ans le Grand Périgueux ?
- La navette ferroviaire de Périgueux : ligne F32 du TER Nouvelle-Aquitaine, elle a été mise en service par la communauté d’agglomération. Portion de la ligne de Coutras à Tulle, elle relie depuis le 2 juillet 2022 les gares de Mussidan et de Niversac aux deux extrémités du territoire communautaire : 47 km, 45 minutes de parcours et 9 stations. Le Grand Périgueux s’est fait ainsi pionnier en matière de décarbonations des transports !
- La Première Année des Etudes de Santé : ce parcours d’accès spécifique de santé (PASS) permet depuis 2020 d’accueillir sur le Campus Périgord des étudiants en médecine pour leur première année. De quoi épargner aux familles une installation coûteuse à Bordeaux pour cette année inaugurale des études en médecine.
- Le nouveau quartier tertiaire : bâti sur les 20 à 30 ha d’une friche de la SNCF, il fait évoluer une ville, Périgueux, dont l’urbanisme a peu changé en 50 ans. Entreprises MSA et France Telecom, actuel siège de la communauté d’agglomération : ce nouveau quartier associe les fonctions économique et administrative. Aussi, il résulte d’un processus de renouvellement urbain vertueux d’un point de vue durable et environnemental.
- Le Pôle des Cultures Urbaines (PCU) : l’ancien camp de l’OTAN de 6 à 7 ha a été abandonné en 1967. Il accueille aujourd’hui les cultures urbaines (création musicale, sport, loisirs). Se greffent dessus les thèmes de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), des circuits courts ainsi que de l’économie circulaire. Au creux d’une boucle de l’Isle, il est relié au centre ville et à la rive droite.
- Le sport : 4 gymnases sur une commune de 700 habitants de la première ceinture ont été réalisés grâce à l’Agglo. Ils lui permettent d’accueillir aujourd’hui une douzaine de clubs sportifs.
- Les deux gendarmeries : le Grand Périgueux est là pour réaliser pour le compte deux communes de respectivement 1 300 et 2 000 habitants les bâtiments nécessaires à l’hébergement des fonctionnaires de l’Intérieur.
- La Maison de retraite : le groupe privé s’est retiré. Le Grand Périgueux est là pour prendre le relais de la gestion de l’EHPAD.