Un plan d’économies de 44 milliards d’euros, une « année blanche » pour les dépenses, et une menace croissante de censure parlementaire : le budget 2026 pour assainir les finances publiques présenté par François Bayrou peine à embarquer les forces parlementaires.
Une exception française en Europe
Alors que le déficit public devrait dépasser les 3 % du PIB dans 11 pays européens, l’OFCE souligne que la dette publique française a grimpé de 53 points de PIB depuis 2000 (un record parmi les grands états du continent). Ce creusement s’explique moins par une explosion des dépenses que par une baisse continue des prélèvements obligatoires depuis 2017. Face à cela, l’OFCE chiffre à 100 milliards d’euros l’ajustement nécessaire pour stabiliser la dette. Le Premier ministre François Bayrou en propose 44 pour 2026.
44 milliards d’euros d’économies : quelles mesures ?
Le plan budgétaire présenté le 15 juillet vise à ramener le déficit public à 4,6 % du PIB en 2026, puis à 2,8 % en 2029. Parmi les principales mesures, figurent notamment :
- Le gel des dépenses publiques : l’année 2026 sera une « année blanche », sans revalorisation des prestations sociales ni des barèmes de l’impôt sur le revenu, entraînant de facto une hausse de la pression fiscale.
- La suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai, afin de « travailler plus et produire plus », selon Bayrou.
- Le gel du point d’indice des fonctionnaires et réduction de 3 000 postes publics, avec une règle de non-remplacement d’un départ sur trois.
- La réforme de la santé : doublement du plafond des franchises médicales (de 50 à 100 €), fin du remboursement à 100 % de certains médicaments en ALD.
- La suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, remplacé par un forfait annuel de 2 000 € pour les petites et moyennes pensions.
- La création d’une « contribution de solidarité » sur les hauts revenus, maintien de la « contribution différentielle » au-delà de 250 000 € par personne seule.
- La cessions d’actifs de l’État : création d’une société foncière publique chargée de vendre une partie du patrimoine immobilier de l’État.
Une coalition sous tension
Du côté de l’Assemblée, le plan ne fait pas consensus, y compris au sein de la coalition gouvernementale. Les Républicains, membres du gouvernement, saluent « la volonté de redresser » tout en fustigeant un projet qui « pèse sur la France qui travaille ». Laurent Wauquiez dénonce notamment le manque d’efforts en matière d’assistanat et d’immigration, bien décidé à faire bouger les curseurs avant le vote. Edouard Philippe, leader d’Horizons, parle d’un « plan d’urgence aux limites réelles » et souhaite défendre ses « trois piliers » : travailler plus, dépenser moins, taxer moins.
À gauche, censure à l’horizon
Pour La France insoumise, ce n’est ni plus ni moins « une déclaration de guerre sociale ». Mathilde Panot accuse pour sa part le gouvernement de faire porter l’effort sur les plus modestes et promet une motion de censure. Le Parti socialiste évoque un budget « injuste » tout en posant ses propres lignes rouges : pas de négociation sans réécriture profonde.
L’extrême droite s’indigne
La suppression du 8 mai et du lundi de Pâques concentre quant à elle une large partie des critiques. Le Rassemblement national y voit une « attaque contre l’histoire de France et la France du travail », dénonçant également l’absence d’efforts sur la contribution à l’UE ou sur les dépenses liées à l’immigration.
Une rentrée parlementaire cruciale pour le sort du gouvernement
Dans ce contexte, la suppression des jours fériés ressemble davantage à un levier de négociation qu’à une véritable ligne rouge. En l’absence de majorité absolue, François Bayrou se voit obligé de composer pour éviter une censure et préserver la stabilité de son gouvernement. Selon ses propres termes, le budget 2026 s’annonce être un véritable « moment de vérité », entre rigueur comptable, pression sociale et fragile arithmétique parlementaire.