Un musée de la romanité, voué à devenir l’un des emblèmes de la ville, ouvrira ses portes en 2017. Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes du projet ?
Nous entendons à la fois renforcer les liens entre une population du XXIe siècle et son riche passé romain et doter Nîmes, mondialement célèbre pour la qualité de ses monuments antiques, d’un nouveau et grand musée archéologique à la hauteur de son patrimoine exceptionnel.
Celui-ci s’élèvera en plein cœur de ville, en face des arènes, sur l’îlot Grill qui nous semblait être l’endroit idéal. Une riche collection, du VIIe siècle avant Jésus-Christ au Moyen Age, sera proposée. Certaines pièces n’ont jusqu’alors jamais été exposées, tandis que d’autres – comme deux mosaïques de Penthée du IIe siècle après JC – viennent d’être découvertes. Au total, nous parlons de plus de 25 000 pièces !
Le musée de la romanité a été imaginé par Élizabeth et Christian de Portzamparc, architectes reconnus dans le monde entier. Avant eux, Norman Foster avait dessiné le Carré d’art (qui abrite le musée d’art contemporain et la médiathèque) ; Jean Nouvel avait conçu l’immeuble de logements sociaux Nemausus 1 ; Jean-Michel Wilmotte avait pensé le réaménagement de la mairie puis du Musée des Beaux-Arts et est il actuellement en charge de la requalification des Allées Jaurès. Notre ville est habituée aux grandes signatures.
Quelles sont les traces du riche passé romain de Nîmes ?
Nîmes a la chance de posséder des monuments extrêmement bien conservés, au premier rang desquels les arènes et la Maison Carrée dont nous avons achevé la restauration il y a un an. Citons également la Tour Magne, haute de 32,50 mètres, ou encore le « Castellum divisorium » où arrivaient les eaux du pont du Gard destinées au Nîmois, sans oublier la porte de France, la porte d’Auguste, le temple de Diane, etc.
La romanité est au cœur de la culture locale. Dans quelle mesure est-elle aussi un enjeu économique ?
Notre région est dépourvue de grands sites industriels donc nous jouons pleinement la carte du tourisme et de la romanité. Chaque année, les animations, spectacles et autres ateliers proposés dans la ville dans le cadre des « jeux romains » connaissent un large succès. Le positionnement de Nîmes, entre la mer et les Cévennes, ses monuments antiques, son secteur sauvegardé (XVIIe et XVIIIe siècles) sont autant d’atouts pour la filière touristique. Tout l’enjeu désormais est d’inciter les touristes à rester le plus longtemps sur notre territoire.
Nîmes n’est pas (encore) inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Quand espérez-vous intégrer ce « club » ?
Cela fait quelques années que nous travaillons en ce sens. Notre candidature devrait vraisemblablement aboutir en 2014 ou 2015. Nîmes attend beaucoup de cette reconnaissance internationale. Le nombre de visiteurs extracontinentaux devrait s’en ressentir. Un touriste étranger qui voyage 15 jours en France a tendance à visiter en priorité les sites classés au patrimoine de l’Unesco : Paris, le Pont du Gard (aqueduc de Nîmes), les causses des Cévennes, etc. Bientôt, ils se dirigeront également vers les arènes, la Maison Carrée et la Tour Magne.