Les violences se poursuivent sur le territoire calédonien avec un sixième mort depuis le début des émeutes du lundi 13 mai. La maire de Nouméa parle même d’ « une ville assiégée » pour décrire la situation sur place, qui semble encore « loin d’un retour à l’apaisement ». A l’origine de ces violences, un projet de loi adopté par les députés prévoyant d’ouvrir le vote à tous les citoyens résidant en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans aux prochaines élections provinciales. Ce qui représente plus de 25 000 électeurs… De quoi inquiéter les indépendantistes kanaks qui redoutent d’être in fine relégués au second plan. Le FLNKS, le Front de Libération nationale kanak et socialiste, souhaite quant à lui ni plus ni moins son retrait. La population mélanésienne, très ancrée dans ses coutumes, redoute d’être marginalisée sur sa propre terre. A chaque génération, revient dans sa jeunesse, la peur de connaître le sort des populations autochtones de l’Australie voisine.
Une situation explosive et des soupçons d’ingérence
Après avoir instauré un couvre-feu et déployé l’armée, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est exprimé le jeudi 16 mai sur d’éventuelles ingérences étrangères en Nouvelle-Calédonie, notamment de la part de l’Azerbaïdjan, de la Chine ou encore de la Russie. « L’Azerbaïdjan, ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité » a-t-il affirmé sur France 2, regrettant « qu’une partie des indépendantistes aient fait un pacte avec Bakou ». Pour rappel, au mois de mars des drapeaux azerbaïdjanais avaient été aperçus lors d’une manifestation des indépendantistes kanak, probablement initiée par le GIB (Groupement d’initiative de Bakou), dont l’objectif est de « soutenir le combat contre le colonialisme et le néocolonialisme » français. Le ministre affirme néanmoins que ces tentatives de déstabilisation n’empêcheront pas la France de rester « souveraine chez elle ».
De son côté, la diplomatie azerbaIdjanne dément « tout lien entre les leaders de la lutte pour la liberté calédonienne et l’Azerbaïdjan », dénonçant des « déclarations insultantes » et « infondées ». A savoir que les relations sont tendues depuis plusieurs mois entre l’Hexagone et la République du Caucase en raison du soutien que la France porte à l’Arménie dans la normalisation de ses relations avec l’Azerbaïdjan.
Si les soupçons relatifs à l’influence de Bakou en Nouvelle-Calédonie n’ont jamais été exprimés publiquement jusqu’ici, ils se voient renforcés par la signature d’un mémorandum de coopération entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan. Pour autant, ils n’expliquent pas à eux seuls toute la complexité de la situation sur place, qui n’a de cesse de bousculer l’agenda du président Emmanuel Macron depuis plusieurs jours.