Curieuse impression en ce début d’année. Dans un monde incertain, la France semble avoir du mal à envisager des perspectives claires à l’intérieur de ses propres frontières. D’où le sentiment qu’elle éprouve une réelle difficulté à sortir du flou, avec ses jacqueries fiscales, sa croissance au ralenti, ses luttes électorales, ses opérations militaires sans calendrier prévisible et ses réformes au milieu du gué. On ne verra pas avant longtemps les effets de la loi sur les métropoles, la fin du cumul des mandats ou la diminution des strates d’administration territoriale. Négocié entre patronat et syndicat, l’accord sur la formation professionnelle, secteur en grand désordre, devrait donner lieu au premier trimestre au vote d’une « grande loi » mais les sceptiques sont déjà l’oeuvre…
Un avis très partagé veut qu’il soit devenu impossible de faire avancer quoi que ce soit dans un pays où s’érigent sans cesse des barricades au nom de la protection des intérêts divers et bien entendu tous légitimes. Même les querelles entre partisans du colbertisme et adversaires du « tout Etat » sonnent creux, tant il est vrai que des milliers d’entreprises privées et d’emplois dépendent de la dépense publique. Quand l’économie est atone et le moral au plus bas, les fonctionnaires sont montrés du doigt tandis que les entrepreneurs passent pour cupides. D’immenses mutations sont en cours du fait des nouvelles technologies et des réseaux sociaux mais les clichés les plus éculés de la lutte des classes – « à bas les patrons ! – ou du poujadisme – tous pourris ! – circulent encore. Un tel climat favorise la tentation des replis égoïstes et, plus grave, de la fraude ou de l’économie parallèle.
L’actualité politique se cherche des dérivatifs dans les échéances lointaines, brûlant les étapes importantes de 2014 – municipales, européennes et sénatoriales – ainsi que celles de l’an prochain, avec les cantonales et les régionales. Le retour de Nicolas Sarkozy alimente la chronique. Ainsi se dessine enfin, non sans ironie, une quasi-certitude : les panneaux électoraux de la présidentielle de 2017 pourraient présenter les mêmes visages qu’en 2012. A peine vieillis…
Toute l’équipe du Courrier du Parlement souhaite une bonne année à ses lecteurs ainsi qu’aux élus et aux partenaires qui, notamment grâce aux numéros « hors-série », l’aident à présenter les territoires où s’élabore au quotidien le véritable destin des Français. Ces vœux s’adressent aussi aux personnalités qui toujours plus nombreuses, acceptent mois après mois de répondre à nos questions. Que toutes et tous trouvent ici l’expression de notre reconnaissance.