À quelques jours du vote de confiance demandé par François Bayrou aux députés, le président du Sénat a accordé son soutien sur le fond au gouvernement du Premier ministre, sans pour autant comprendre la forme employée par ce dernier.
Au micro de Léa Salamé lors du journal télévisé de France 2, le mardi 2 septembre 2025, Gérard Larcher est revenu sur les intentions du François Bayrou pour les résumer en deux points. D’une part, alerter sur l’état d’endettement de la France, et d’autre part, savoir si les députés de la nation s’accorderaient pour suivre un chemin de réduction des dépenses publiques.
La nation accuse en effet une dette de 3 300 milliards d’euros, qui court depuis 1974, dernière année où le budget présentait un solde positif pour la France. En 2024, le déficit budgétaire français atteignait les 156 milliards d’euros. Pour pallier ce trou dans la trésorerie publique le Premier ministre a proposé un plan de 44 milliards d’économies auquel il ne souhaite en aucun cas déroger.
Une pilule qui passe mal
Par son choix d’appeler à un vote de confiance sur la déclaration de politique générale, François Bayrou entérine l’idée d’un débat parlementaire et d’un dialogue post discussion dans l’hémicycle. Pour beaucoup, c’est sur la méthode employée que la pilule ne passe pas. Car les LR partagent l’idée d’une coupe budgétaire et d’une réduction des dépenses, pendant que les socialistes proposent eux aussi un plan de baisse du déficit de 27 milliards moins drastique toutefois que les 44 indispensables aux yeux de Bayrou.
L’opinion publique fustige quant à elle la suppression de deux jours fériés, tout comme le gel des retraites et prestations sociales qui ne seraient donc pas indexées sur l’inflation. Pour certains, il faut mettre les plus riches à contribution avec la taxe Zucman ((impôt de 2 % minimum sur les richesses des plus fortunés, français détenant plus de 100 millions d’euros), tandis que d’autres s’en prennent au train de vie des élus et de l’Etat. Autre piste : s’attaquer à la fraude et à l’assistanat en édifiant un plafond d’aides sociales pour former un écart concret entre les revenus liés au travail et ceux de l’assistance ou encore le non remplacement des fonctionnaires en départ à la retraite.
Si le président du Sénat estime que la méthode du Premier ministre n’est « pas partagée » au sein même de sa famille politique, des figures de tous les bords en appellent à une dissolution. L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, le Rassemblement National de Le Pen et Bardella, Valérie Pécresse ou encore Edouard Philippe sont même convaincus que celle-ci “devient inéluctable”.
Jean-Luc Mélenchon va plus loin encore puisqu’il entend lancer une procédure de destitution d’Emmanuel Macron, dès le 23 septembre prochain conformément à l’article 68 de la Constitution, maintenant que la France est en crise de régime.
Si cette procédure a peu de chance d’aboutir tant les prérequis semblent conjointement inatteignables, la démission du président de la République de son propre chef serait-elle une option envisageable ? “Les gens m’ont élu pour un mandat que je compte mener jusqu’à son terme”. Quoi qu’il en ai dit, celle-ci ne relève pourtant pas d’un scénario fictif au vu de la côte de popularité d’Emmanuel Macron. Sans doute les phrases choc lancées par le Premier ministre sur le manque d’assiduité des responsables politiques pendant les vacances n’ont fait que rajouter de l’huile sur le feu…
Quid des solutions ?
Face à un appareil politique à bout de souffle que les élections de 2024 n’ont pas permis de décanter, les forces politiques se préparent chacune de leur côté en cas de nomination d’un des leurs à Matignon.
En ces temps d’incertitude, la mise en place d’un gouvernement d’affaires courantes avec un budget acté par ordonnances n’est pas non plus à exclure. Tout comme la nomination d’un Haut fonctionnaire à la tête d’un gouvernement provisoire, comme l’avait fait l’Italie en 2021 lorsque l’ancien président de la BCE Mario Dragui avait succédé à Guiseppe Conte, président du Conseil des ministres pour un retour à la stabilité.
Trois jours avant la chute annoncée de François Bayrou, au tour du président de la République de recevoir Gérard Larcher ce vendredi à l’Elysée. Sans doute pour choisir un successeur.