On parle souvent du réchauffement climatique, mais beaucoup moins de l’impact des déchets sur celui-ci : quelle en est la raison ?
Si l’on ne fait pas le lien intuitivement entre déchets et changement climatique, c’est parce que le sujet a pendant longtemps été abordé presque exclusivement sous l’angle de la pollution. Les conséquences climatiques sont pourtant bien réelles : le traitement par incinération, les décharges ou le cycle de vie des produits jetables avant même qu’ils ne deviennent des déchets sont autant d’impacts directs sur le réchauffement a planète.
Il n’en reste pas moins qu’une véritable prise de conscience est en train de s’opérer : à l’étranger comme en France, de nombreuses solutions se mettent en place à tous les niveaux, individuel et collectif. Certaines collectivités italiennes ont même mené des politiques « zéro déchet » avec des résultats concrets : notre pays peut donc s’en inspirer et faire avancer le débat de manière plus efficace. Nous avons aujourd’hui une énorme marge de manoeuvre qui reste encore inexploitée.
Le compostage permettrait de réduire de près d’un tiers le volume de nos poubelles : si c’est pratique en jardin, quelles solutions pourraient faciliter la démarche en appartement ?
Nous assistons aujourd’hui à une situation complètement illogique : les biodéchets, non polluants par nature, le deviennent en étant mélangés à d’autres ordures au sein de nos poubelles. Le compostage apporte en ce sens une réponse intéressante avec un traitement sur place, que ce soit dans un lycée, un quartier ou chez-soi. On entend fréquemment l’argument des mauvaises odeurs pour ne pas s’y mettre en appartement : c’est une idée reçue. Un compost qui fonctionne bien ne sent pas, sinon ce serait ingérable ! En réalité, les gaz malodorants sont produits par un manque d’aération ou un excès de matières azotées.
Toutefois, le compostage individuel ne permet pas de capter tous les flux de biodéchets : c’est pourquoi notre association préconise, en complément, une collecte séparée pour pouvoir composter à grande échelle, comme cela est fait à San Francisco, ou bien la méthanisation des biodéchets. Si le traitement par méthanisation a l’avantage de produire du biogaz, il est revanche plus complexe à gérer à l’échelle industrielle.
Malgré la campagne nationale « Le tri, c’est simple comme Bonjour ! », les consignes de tri restent encore complexes à comprendre pour beaucoup de Français. Pourquoi ne sont-elles toujours pas plus claires à ce jour ?
Elles vont le devenir puisque d’ici 2022 tous les territoires français seront passés à l’extension des consignes de tri : autrement dit, l’ensemble des plastiques seront à recycler sans exception.Toutefois, on est en droit de se demander pourquoi les règles sont encore mal assimilées, sachant que le recyclage existe en France depuis 1992. Beaucoup de consommateurs croient encore que le logo Point Vert signifie que l’emballage se recycle alors que ce n’est pas du tout le cas. Il indique seulement que l’entreprise qui commercialise le produit participe au financement de la collecte et du tri. L’adoption du logo « Triman » entendait faciliter les consignes : seulement les entreprises peuvent se contenter de le mettre uniquement sur leur site internet et pas sur l’étiquette.
Les sacs en papier sont-ils une alternative saine aux sacs plastiques sachant qu’ils peuvent concourir à la déforestation ?
C’est un éternel débat que notre association ne souhaite pas trancher, parce que nous nous refusons « l’usage unique », qu’il s’agisse de papier ou de plastiques. A partir du moment où l’emballage est jetable ou à usage unique, son impact sur l’environnement est dommageable alors qu’il existe des alternatives responsables facilement accessibles. En témoignent la vente en vrac où l’on apporte son propre contenant, ou encore le sac réutilisable.
Au-delà de ses bénéfices évidents pour l’environnement, le zéro déchet est-il souhaitable pour l’économie et l’emploi ?
Parfaitement, une étude menée en Ile-de-France montre que le traitement d’une même quantité de déchets crée dix fois plus d’emploi dans les filières de tri et de recyclage que dans le traitement par incinération. Le tout pour un budget à peu près similaire. Etonnement, le « zéro déchet » s’avère encore plus bénéfique pour l’économie : la vente en vrac, le réemploi, la réparation sont autant de secteurs en pleine croissance ces dernières années. Pour répondre à la demande, les porteurs de projets sont au rendez-vous, de plus en plus nombreux puisque les 800 entrepreneurs que nous suivons actuellement n’avaient pour la plupart pas encore créé leur société il y a deux ans.
Le scénario Zero Waste 2.0 On passe à l’action !
Zero Waste France
Editions Rue de l’échiquier
128 pages
10€
Photo en une : Vente en vrac / © Fanny Berlingen.