Quelles sont les récentes évolutions de la recherche française dans le domaine des nouvelles technologies de l’énergie et de l’efficacité énergétique?
Ces dernières années, la recherche sur les nouvelles technologies de l’énergie s’est accélérée. Plusieurs facteurs ont contribué à ce phénomène. D’abord la création de l’ANR en 2005 et la mise en place de financements significatifs sur des thématiques ciblées dans le domaine des énergies à bas carbone. Plus de 400 millions d’euros ont été investis par l’ANR dans ce domaine entre 2005 et 2009. Ensuite la création de pôles de compétitivité en 2007 – Capenergie, Tenerrdis, Derbi, S2E2, etc. – a permis de mettre en réseau les acteurs concernés et de renforcer les projets collaboratifs public-privés. Enfin, grâce aux mesures du Grenelle de l’environnement et plus particulièrement à la création d’un fonds démonstrateur géré par l’ADEME, près de 400 millions d’euros ont été dégagés pour les nouvelles technologies de l’énergie ! Au total, on observe que la dépense de recherche et développement (R&D) publique sur les nouvelles technologies de l’énergie (hors nucléaire et carbone fossile) a augmenté d’environ 50 millions d’euros par an entre 2005 et 2009 pour atteindre aujourd’hui environ 300 millions d’euros par an. Et la dépense totale de R&D publique sur l’énergie s’élève à près d’un milliard d’euros par an !
Quelles sont les priorités de la recherche sur les nouvelles technologies de l’énergie?
Pour ce qui est de la recherche publique, sans aucun doute les technologies portant ur l’efficacité énergétique (environ 14 % de la dépense de R&D sur l’énergie), essentiellement dans les transports et le bâtiment. Puis viennent les énergies renouvelables – les bioénergies et le photovoltaïque principalement – (10 %) et le stockage de l’énergie – avec la pile à combustible et la production d’hydrogène – (9 %).
Comment l’Agence nationale de la recherche contribue-t-elle à dynamiser le secteur des nouvelles technologies de l’énergie ?
Nous avons vocation à cibler des thématiques sur lesquelles il faut accélérer la recherche. C’est notre leitmotiv ! Nous identifions les secteurs peu matures mais à fort potentiel et pouvant accoucher d’une filière industrielle. Dans certains domaines, il y a de vraies possibilités. Par exemple, la France a de fortes capacités en termes d’efficacité énergétique dans le bâtiment, les transports et l’industrie. Nous avons également des atouts à faire valoir dans le stockage et la capture du CO2, et dans les futures générations de cellules photovoltaïques en couches minces. À plus long terme, nous plaçons beaucoup d’espoirs dans les bioénergies et biocarburants.
L’horizon de mise sur le marché pour les projets de recherche que nous soutenons est d’environ cinq à 15 ans. Il faut souligner que les cycles d’innovation dans le domaine de l’énergie sont relativement lents (20 à 30 ans) par rapport aux technologies de l’information et de la communication par exemple, où ils ne sont que de quelques années. Notre rôle est donc de compenser la frilosité du secteur privé qui hésite à investir dans ces filières en raison de leur faible rentabilité à court terme.
Aujourd’hui quelles sont les priorités de l’ANR ?
Elles sont identifiées dans notre programmation sur l’énergie 2011-2013 :
• Le renforcement de la recherche académique sur l’efficacité énergétique, notamment pour l’industrie et les transports, car il y a besoin de ruptures technologiques dans ce domaine
• Les verrous liés à l’émergence des ENR dans le mix énergétique (la gestion de l’intermittence, le transport et le stockage de l’électricité et de la chaleur)
• Les voies technologiques à fort potentiel de rupture (bioénergies de seconde et troisième génération, photovoltaïque)
• La réduction des émissions de CO2 et les voies de valorisation CO2.
Nous sommes également soucieux des modes d’émergence des nouvelles technologies de l’énergie dans la société, c’est pourquoi nous avons lancé le programme interdisciplinaire “sociétés innovantes”. Il permet d’étudier les modes de diffusion (ou de rejet) de ces technologies dans la société, leurs modèles économiques et la manière dont nous allons pouvoir nous adapter à des systèmes énergétiques peu basés sur l’usage du carbone fossile.
Propos recueillis par Louis Le Bris