Un an après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale en 2024, le président Emmanuel Macron retrouve cette semaine la possibilité constitutionnelle de le faire à nouveau.
L’actuel hémicycle, éclaté en trois blocs irréconciliables, peine à faire émerger des majorités stables. Aucune réforme d’envergure n’a été adoptée depuis les dernières législatives, et le gouvernement dirigé par François Bayrou reste perpétuellement exposé à une motion de censure.
Pour autant, le politologue Bruno Cautrès (Cevipof) estime qu’une nouvelle dissolution ne clarifierait probablement pas davantage la donne politique. Le scénario d’un Matignon dirigé par le Rassemblement national reste encore le principal épouvantail. D’après le baromètre Odoxa de juin, Marine Le Pen et Jordan Bardella culmineraient tous deux à 36 % d’opinions favorables, en tête du classement des personnalités politiques. Pour Emmanuel Macron, le risque d’une nouvelle défaite législative serait donc majeur : de quoi renforcer les appels à la démission, remettant toujours plus en question son autorité politique.
À l’approche des élections municipales de mars 2026 et de la présidentielle de 2027, la majorité des formations politiques préfèrent temporiser. « Je ne suis pas bien convaincue que les Français diraient autre chose dans les urnes que ce qu’ils ont dit il y a un an », a estimé Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, sur France Inter. Tout en reconnaissant la nature « très particulière » de cette législature, elle assure que « l’Assemblée fonctionne », citant l’adoption récente du budget au Palais Bourbon. Elle déplore toutefois le recours trop limité aux projets de loi gouvernementaux, appelant l’exécutif à « faire confiance au Parlement ».
Le véritable point de bascule pourrait survenir à l’automne, avec la présentation du budget 2026. Déjà qualifié de « moment politique clé » par François Bayrou, ce texte clivant pourrait devenir l’ultime épreuve pour le gouvernement, où l’adoption d’une motion de censure semble inéluctable.