Le 22 février 2017, le Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCE) a présenté son rapport sur la formation à l’égalité filles-garçons.
Le rapport détaille l’offre de formation actuelle en matière d’égalité filles-garçons des personnels enseignants et non-enseignants qui travaillent dans les écoles, pointe ses failles et formule des propositions pour porter plus loin cette exigence.
L’école, lieu de l’apprentissage de l’égalité
Pour Danielle Bousquet, la présidente du HCE, « l’égalité doit faire l’objet d’une attention partout », et d’autant plus à l’école. Selon elle, il n’y a pas de pente naturelle vers l’égalité. Il faut donc l’inculquer : comme la cellule familiale échoue, dans bien des cas, à l’enseigner, l’école doit être le premier lieu de cet apprentissage.
Seulement, comme le souligne le rapport : « les personnels enseignants et d’éducation sont aux prises, comme l’ensemble de la société, avec les stéréotypes sexistes et reproduisent des attentes différenciées » vis-à-vis des élèves en fonction de leur sexe. Il apparaît, par exemple, que les enseignants interagissent en moyenne plus fréquemment avec les garçons (56 %) qu’avec les filles (44 %). Dans son webdocumentaire, L’École du genre, Léa Domenach montre que garçons et filles n’utilisent pas l’espace de la cour de récréation de la même façon. Les garçons ont tendance à occuper la majorité de l’espace, au centre de la cour, tandis que les filles se regroupent davantage dans des petits coins. L’entrée de ces dernières sur l’espace de jeu masculin déclenche généralement des conflits. L’orientation professionnelle est également encore très sexuée : 7 garçons sur 10 s’orientent vers une filière scientifique, et 4 filles sur 10 vers une filière littéraire. Les élèves, selon leur sexe, vivent donc des scolarités différentes.
Des carences dans les formations
Le HCE fait le constat suivant : les formations initiale et continue à l’égalité filles-garçons sont insuffisantes et disparates. Comme l’explique Françoise Vouillot, la présidente de la Commission « Stéréotypes », parmi les 24 Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) qui ont accepté de répondre à l’enquête (sur 32), seuls 50 % considèrent avoir formé la totalité de leurs étudiants à l’égalité. Seule la moitié des ESPE propose un module dédié à cette question, et ces formations jouissent d’une grande liberté de faire, autant dans la durée que le contenu. Margaux Collet, co-rapporteure du rapport, ajoute que la formation continue – celle des personnels déjà en poste – n’est pas suffisamment encouragée. En 2014-2015, les personnels de direction et les corps d’inspection se sont vus proposer seulement 3 journées de formation sur des thématiques englobant racisme, homophobie et égalité. En ce qui concerne les académies, 20 sur 28 proposent des modules dédiés, et, en 2013-2014, le thème de l’égalité représentait 1,6 % de l’ensemble des journées de formation réalisées.
Cependant, certaines initiatives sont encourageantes. Le 1er février 2017 a été inaugurée une plateforme de vidéos pédagogiques dédiées à l’égalité entre les sexes, « Mathilda ». Réalisé par l’association « v.ideaux », le site s’adresse aussi bien aux personnels de l’éducation qu’aux élèves et aux parents. Le ministère de l’Éducation nationale a, de son côté, lancé une plateforme « m@gistère » de formation à distance relative à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce parcours en ligne a été suivi par 12 enseignants en 2015-2016.
Les recommandations du HCE
Comme ces initiatives sont insuffisantes, le HCE a formulé 6 recommandations qui permettront aux personnels enseignants et éducatifs d’être les moteurs de l’apprentissage de l’égalité filles-garçons :
- Renforcer et généraliser l’éducation à l’égalité filles-garçons dans la formation initiale des personnels enseignants et d’éducation.
- Conforter la présence de personnes ressources sur l’égalité femmes-hommes dans chaque ESPE.
- Faire de l’égalité filles-garçons une connaissance requise pour l’obtention des diplômes d’enseignants, de personnels d’inspection, de direction, des conseillers d’orientation-psychologues et des conseillers principaux d’éducation.
- Développer et garantir une offre de formation continue sur l’égalité des sexes.
- Élaborer un Guide pratique de la formation à l’égalité filles-garçons visant à accompagner et outiller les professionnels de l’Éducation nationale.
- Développer et faire connaître un réseau de formateurs et formatrices à l’égalité filles-garçons.