Le dress code au radar. Si le débat sur l’encadrement du statut de première dame semble désormais clos en France, les tenues des femmes de pouvoir continuent d’alimenter l’imaginaire collectif et celui des médias. À l’heure où certaines marques de beauté dédient des gammes de vernis exclusives à la reine d’Angleterre et à la princesse Kate Middleton, force est de constater que les têtes couronnées ont retrouvé leur aura d’antan. Et jusqu’à la pointe de leurs escarpins.
En France, cette tendance avait quelque peu reculé avec Bernadette Chirac – souvent moquée pour son imposant brushing – avant que Carla Bruni-Sarkozy ne prenne la relève et inspire à l’international une image de première dame française à la fois glamour et rangée. Des chemisiers en crêpe de soie au jupon évasé, le moindre détail était alors la cible des tabloïds (et plus seulement), comme si la mode représentait un argument politique à part entière. C’est d’ailleurs en misant sur son style que Madame Bruni-Sarkozy a réussi à faire oublier son passé sulfureux, se montrant même très convaincante auprès ses interlocuteurs étrangers.
Outre-Atlantique, c’est à Michelle Obama d’être érigée en véritable icône de mode depuis l’élection de son mari, notamment grâce à la styliste Ikram Goldman qui participe à la composition de chacune de ses tenues. Alternant des modèles pointus avec des ensembles plus décontractés, elle permet à de nombreuses Américaines de s’identifier à elle, élargissant ainsi l’électorat potentiel de Barack Obama. Un pari réussi. De même pour Rania de Jordanie, l’épouse du roi Abdullah II, qui en faisant de son allure sa meilleure arme a montré que toutes les femmes musulmanes n’étaient pas tenues de porter le voile.
Si aujourd’hui les premières dames font la Une des magazines de mode essentiellement pour des raisons esthétiques, à l’origine leurs précieux attraits leur servaient à s’émanciper de leur mari. N’est-ce pas Jackie Kennedy, qui, en cultivant sa propre griffe, a su s’imposer comme une personnalité à part-entière de la Maison Blanche ? Plus encore, ses silhouettes emblématiques en ont fait le symbole d’un style désormais intemporel et largement copié. Bibi, ballerines, robes trapèzes et l’incontournable tailleur rose Chanel sont autant d’images qui renvoient à cette ex-première dame qui a tant fasciné dans les années soixante.
Alors que la princesse Kate Middleton – souvent comparée à Lady Di – personnifie à elle seule ce regain d’engouement pour les femmes d’État, la syrienne Asma el-Assad – surnommée quant à elle Marie-Antoinette – n’a de cesse d’attiser les colères en achetant des diamants sur internet pendant que son pays est en guerre. Car si les premières dames n’ont pas de rôle précisément défini, elles sont tenues de jouer aux yeux du monde ce que toute femme ferait dans son propre foyer : maintenir l’illusion par l’élégance en gardant les pieds sur terre… ou plutôt perchée sur ses hauts talons.