Avec 20,3 milliards d’euros d’encours en 2020 et plus d’un million de souscripteurs, la demande des citoyens pour une finance plus verte et plus sociale se renforce jour après jour. Face aux nombreux défis sociaux et environnementaux exacerbés par la crise sanitaire, des acteurs se mobilisent pour initier des réponses durables. Entretien avec Frédéric Tiberghien, président de FAIR.
Pourquoi l’association Finansol a-t-elle été rebaptisée, à quoi correspond FAIR ?
Créée en 1995, Finansol promeut la solidarité dans l’épargne et la finance. A travers des actions de sensibilisation et l’animation de son réseau, l’association contribue à faire prendre conscience à chacun qu’il peut jouer un rôle dans l’instauration d’une finance utile et équitable.
L’Impact Invest Lab (iiLab), association créée en 2016, expérimente et soutient le développement de l’investissement à impact social, avec une spécialisation forte sur les contrats à impact social.
Finansol et l’iiLab étaient très proches : Finansol était l’un des membres-fondateur de l’iiLab et les équipes opérationnelles travaillent dans les mêmes locaux. Par ailleurs, l’investissement à impact se développe fortement dans le monde, et la finance solidaire, qui est une innovation pionnière et très spécifique à la France, se rattache à cet univers.
Il a donc été décidé d’unir nos forces pour devenir FAIR, le collectif des acteurs de la finance à impact social. Et ainsi mieux :
– financer les entreprises recherchant un impact social et environnemental au moins autant qu’une rentabilité financière ;
– accompagner ses membres et les porteurs de projets ;
– impacter en encourageant l’innovation financière et en partageant les bonnes pratiques professionnelles à travers le monde ;
– rassembler la communauté d’acteurs et de citoyens engagés autour d’une finance générant plus d’impact, de transparence et de solidarité.
La finance à impact social, qui comprend la finance solidaire et l’investissement à impact social, privilégie des objectifs d’impact social et/ou environnemental, tout en cherchant à préserver le capital investi.
Comment définissez-vous la « finance à impact » ? Quel est votre objectif avec le livre blanc ?
La finance à impact social, qui comprend la finance solidaire et l’investissement à impact social, privilégie des objectifs d’impact social et/ou environnemental, tout en cherchant à préserver le capital investi. Elle s’appuie à la fois sur la mobilisation des épargnants individuels et des investisseurs institutionnels.
Outil nécessaire pour financer les transitions sociale et environnementale en répondant aux défis majeurs de notre société (emploi, logement, accès à la santé, bien-vieillir…), elle apparait comme une solution pérenne et viable, pourvu que les pouvoirs publics soutiennent son développement.
Dans son livre blanc à destination des candidats aux élections présidentielles et législatives de 2022, FAIR formule dix propositions afin de développer la finance à impact social. Raisonnables et faciles à mettre en œuvre, elles ont un coût très limité pour l’Etat.
Que représente l’épargne solidaire aujourd’hui en France, sur quels critères attribuez-vous votre label ?
Son encours au 31 décembre 2020 atteignait 20,3 milliards d’euros (+ 33% en un an), avec environ deux millions de souscripteurs.
Elle a permis, en 2020 :
- la création/consolidation de 38 480 emplois ;
- le logement ou l’accueil de 1 421 personnes dans des habitats décents ;
- une production équivalente à la consommation d’énergie de 8 372 foyers en France ;
- la mise à disposition de 1006 hectares d’agriculture biologique ;
- le financement de projets dans les pays du Sud à hauteur de 25 millions d’euros, essentiellement dans le domaine de la microfinance.
Malgré sa croissance spectaculaire, la finance solidaire ne représente encore que 0,36 % de l’épargne financière des ménages. Mais grâce aux acquis de la loi PACTE (réforme de l’épargne salariale et de l’épargne retraite ; obligation pour les assureurs de présenter désormais une unité de compte (UC) ISR, verte et solidaire dans les contrats en UC), cette croissance va se poursuivre et nous conservons en ligne de mire l’objectif d’atteindre 1 % de cette épargne.
La finance à impact social répond aux attentes des citoyens qui veulent utiliser le levier de leur épargne pour transformer notre économie et nos modes de vie !
Le label Finansol, créé en 1997, permet de distinguer les produits d’épargne solidaire des autres produits d’épargne. Attribué par un comité d’experts indépendant, il repose sur des critères exigeants de solidarité et de transparence.
Il vérifie que l’épargne contribue réellement au financement d’activités génératrices d’utilité sociale et/ou environnementale, et acte l’engagement de l’intermédiaire financier de donner une information fiable sur le produit labellisé et les activités soutenues.
La finance à impact social répond aux attentes des citoyens qui veulent utiliser le levier de leur épargne pour transformer notre économie et nos modes de vie !