Du 18 au 20 novembre 2025, s’est tenu le 107ᵉ Congrès des maires et des présidents d’intercommunalité à Paris Expo Porte de Versailles. L’occasion pour les maires de faire remonter les dysfonctionnements rencontrés au quotidien, tout en dessinant des pistes pour l’avenir. L’objectif ? Consolider les 34 945 communes de France.
“Pour les communes, liberté” : c’est ainsi que pourrait se résumer le fil rouge de ce dernier congrès selon l’AMF, (Association des maires de France). A l’unisson, les élus ont réclamé davantage d’autonomie face à l’État, notamment en matière financière et réglementaire. Pour Michel Barnier, éphémère premier ministre (moins de 100 jours à Matignon), ces élus “ne sont pas des sous-traitants de l’Etat” quand bien même ils incarnent le premier échelon politique au contact direct des citoyens.
L’ancien chef du gouvernement, qui a fait son retour au Palais Bourbon le 28 septembre dernier, entend bien raviver la flamme de ces figures locales. “Sentinelles de la République”, comme il les décrit dans son ouvrage “Ce que j’ai appris de vous”, ces derniers voient leurs marges de manœuvre de plus en plus restreintes par divers standards, normes et autres contraintes administratives.
Une crise des vocations ?
Le mandat municipal 2020-2026 a d’ailleurs été jalonné par des crises sans précédent. Cette période de troubles a renforcé le rôle de l’échelon municipal, avec des réalités singulières en matière de lutte contre l’inflation, la pandémie ou encore la guerre énergétique. L’exigence de disposer davantage de latitude pour les communes s’impose donc à l’agenda parlementaire. En effet, à la demande du groupe Liot (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires), des questions sur le thème de “l’application du principe de continuité territoriale” ont fait l’objet de débats mardi 25 novembre dans la soirée en salle Lamartine. Et ce alors même que les territoires ultramarins sont tout particulièrement concernés par une explosion inédite de la délinquance.
Les maires d’outre-mer ont d’ailleurs mis en exergue des problématiques spécifiques en matière d’insécurité, Mayotte et la Nouvelle Calédonie en tête. De quoi redéfinir leur place dans la prévention de la délinquance, le rôle des polices municipales et la coopération avec l’État. Le préfet incarne la présence et l’autorité de ce dernier, tout en devant jouer un rôle de coordinateur avec des polices de terrain sur place, qui ont éprouvé la particularité de leur écosystème.
Le Congrès a également mis en lumière la fragilité des services de la petite enfance, dont les ambitions sont fortes, mais limitées et contraintes par des moyens “insuffisants” a jugé l’AMF. D’autres débats ont porté sur la santé et la cohésion sociale, dans un contexte de coupes budgétaires et de pression financière. Comment les communes peuvent-elles encore assurer des services de proximité alors même que l’Etat tente d’écoper la vague déficitaire en faisant des économies pour ne pas asphyxier le contribuable ?
Le président de l’AMF, maire de Cannes et fondateur de Nouvelle Energie, David Lisnard, implore un sursaut collectif pour “ré-oxygéner la démocratie locale”. Concrètement, les discussions ont porté sur la proposition de loi visant à créer un statut de l’élu local, actuellement en cours d’examen à l’Assemblée. La création de celui-ci devrait accroitre la reconnaissance des maires et leur conférer davantage de moyens pour exercer leur mandat.
La stratégie locale n’échappe pas au contexte international
Lors d’un débat à Arras mercredi 19 novembre, le président Emmanuel Macron se disait inquiet pour les prochains scrutins, notamment en ce qui concerne les municipales qui approchent à grand pas (mars 2026). Parmi ses préoccupations, figurent entre autres le risque d’ingérence dans le processus électoral, sans oublier les « conseils » des intelligences artificielles.
Celui qui s’était présenté en son temps comme le premier soutien de la start up nation, a ainsi ciblé les limites de l’IA : “pas sûr que ce soit des intérêts démocratiquement neutres ou totalement alignés avec les intérêts de la France”. Ces propos ne manquent pas de faire écho à ceux du chef des armées, Fabien Mandon, qui a évoqué la nécessité de se préparer à toutes les éventualités en réponse à des défis inattendus, qu’ils soient sécuritaires, sociaux ou économiques.
A l’approche des élections municipales, les 12 000 édiles réunis à Paris s’attendaient davantage à des mesures marquantes sur la décentralisation ou le budget, en tant que figures incontournables de la vie politique nationale. Sans obtenir – comme souvent – de vrais résultats, alors qu’ils forment, d’après le président de l’AMF David Lisnard, « la plus ancienne association d’élus au monde, et peut-être la plus grande ». Le Premier ministre Sébastien Lecornu a quant à lui promis une série de mesures concrètes avant Noël venant renforcer la liberté d’action des élus locaux.

