À quelques jours du vote de confiance convoqué par François Bayrou lui-même, le 8 septembre à l’Assemblée, tout laisse à penser qu’il sera obligé de remettre sa démission à Emmanuel Macron. Son sort est-il pour autant scellé ?
Le 8 septembre prochain, les députés seront convoqués en session extraordinaire, pour la première fois depuis juillet 2020. Si le second quinquennat d’Emmanuel Macron se trouve frappé par une instabilité politique sans précédent, aucun des prédécesseurs de François Bayrou ne s’était prêté à pareil exercice depuis Jean Castex.
Une première sous la Vème République
Sur les 41 votes de confiance adressés par pas moins de 22 premiers ministres différents sous la Vème République, aucun n’avait jusqu’ici acté la démission du gouvernement en place. En cas de désapprobation, qui au vu des propos tenus par LFI et le RN en passant par les écologistes, le PS et le parti communiste semble inévitable, le locataire de Matignon devra remettre la démission de son gouvernement au président de la République en vertu de l’article 50 de la Constitution. Ce séisme plongerait la France dans un immobilisme institutionnel, alors même que le Premier ministre juge que “négocier n’a de sens que si l’on est d’accord sur le diagnostic”.
Il faut remonter à 1955 et à Pierre Mendès France pour retrouver la trace d’une défiance à l’égard du gouvernement infligée par l’Assemblée. Entre 1946 et 1958, la France connut 24 gouvernements en seulement 12 ans, dont près de la moitié furent renversés à la suite d’un refus de confiance ou d’un vote défavorable sur une question de confiance.
Législatives anticipées : la parole aux Français
Le président de la République dispose de pouvoirs forts, dont celui de dissolution de l’Assemblée (article 12 de la Constitution). Or, le principal intéressé, qui a récemment retrouvé cette prérogative un an après les élections législatives de 2024, martelait pas plus tard que le 9 juin dernier son souhait de ne pas reconvoquer d’élections anticipées avant la fin de son mandat, fort d’un Parlement correspondant « à l’état du pays et à ses sensibilités ». Néanmoins, à en croire un sondage Elabe commandé par BFM TV, 69% des Français souhaiteraient voter à nouveau en cas de désapprobation du gouvernement par la question de confiance.
Aux deux extrémités de l’échiquier politique, les revendications convergent. Au RN, Jordan Bardella exhorte le président de la République à répondre à l’impasse démocratique et à l’instabilité par le fait de “se tourner vers les Français”, préférant un vote au blocage du pays, sans pour autant balayer l’idée d’une démission pure et dure. De son côté, sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon, chef de file des insoumis a réaffirmé que “le sujet c’est Monsieur Macron, il doit s’en aller”.
Rappel des faits
Au début de l’été, le Premier ministre avait déjà annoncé la couleur : le contribuable devra encore se serrer la ceinture. Au programme : un budget avec 44 milliards d’euros d’économies de réduction du déficit public, ainsi qu’une « année blanche » pour les dépenses. Si la menace d’une censure planait déjà sur le gouvernement, rares étaient ceux qui anticipaient pour autant la demande d’un vote de confiance.
Et pourtant, en réponse à l’appel à “tout bloquer” le 10 septembre, François Bayrou a pris de court les oppositions le 25 août dernier, (estimant que le vote du budget nécessite un consensus clair et partagé au sein de l’hémicycle). Le Béarnais engage la responsabilité de son gouvernement sur la déclaration de politique générale, conformément à l’article 40 alinéa 1 de la Constitution.