« Yes we can ». En ayant revoté le 6 novembre pour Barack Obama, les Américains semblent avoir encore envie d’y croire. Car si les moyens n’ont pas été à la hauteur du symbole, autant dire que la simple élection du premier président noir des États-Unis restera à jamais marquée d’une pierre blanche dans l’Histoire. Porté aux nues dès ses débuts, Prix Nobel de la Paix avant l’heure et pop-star malgré lui, le démocrate s’est retrouvé victime de son propre succès, incapable de répondre à l’immensité des attentes qui reposaient sur ses présidentielles – mais humaines – épaules.
Au bilan 2012, le rêve américain ne fait plus fantasmer personne, la population s’étant résolue à ce qu’il appartienne à un passé lointain et irrévocable. Mais l’envie de relancer le pays, elle, est bien là. Preuve en est, en votant pour le candidat-président et non pas pour Mitt Romney, l’Amérique a montré qu’elle préférait encore subir une déception supplémentaire plutôt que de revenir aux dérives des années Bush. Quatre ans plus tard et avec plus de 330 grands électeurs d’écart, c’est toujours en Barack Obama qu’elle choisit de placer son espoir. Et ce malgré un taux de chômage avoisinant les 8 %, du jamais-vu aux États-Unis. Un tour de force ? Plutôt un excès de cynisme de la part des républicains, qui, trop occupés à contrecarrer les plans adverses en ont fini par oublier les attentes de leur propre électorat, alors qu’ils avaient de bonnes chances de gagner.
C’est donc reparti pour quatre ans. Pendant que les conservateurs se reforgeront une nouvelle stratégie en vue de la prochaine élection, le gouvernement aura pour tâche de ne pas perdre sa cible de vue. Autrement dit, finir ce qui a été commencé. Car plongé en pleine crise doublée d’une dette exponentielle, le pays aura besoin de bien plus que du durcissement de la réglementation financière dernièrement instaurée. Si le meilleur appui d’un président se trouve auprès de ses électeurs, c’est en mobilisant la population toute entière qu’il devra mettre sa politique en œuvre dès son investiture en 2013. À commencer par relever le défi de l’emploi, au vu des trois millions de postes supprimés en l’espace d’un mandat et d’un niveau de vie sans cesse revu à la baisse. Moins d’aura, mais plus d’action. Descendu de son piédestal, le président Barack Obama rentre maintenant dans l’âge de raison présidentiel, avec l’intention de marquer l’Histoire autrement qu’en étant simplement le premier président noir des États-Unis. Si l’on dit communément que l’espoir meurt en dernier, cette deuxième chance ouvre le champ de tous les possibles.