Quel est le rapport entre les tensions USA-Iran au Proche-Orient et les gigantesques manifestations de rue à Hong Kong ? A première vue, il n’y en a pas. Les opposants au régime néo-communiste de Pékin n’en sont plus à croire que les gendarmes du monde libre siègent à Washington. Ils n’attendent rien d’eux, se montrant sur ce plan plus lucides que les Ukrainiens, voire d’autres peuples européens donnant parfois l’impression de n’avoir quitté le grand protecteur soviétique que pour se laisser fasciner par la bannière étoilée. Mais l’on peut tout de même constater une attirance des contraires entre les rodomontades de Donald Trump et le refus des Hongkongais d’être « extradés », à la suite de véritables coups montés judiciaires, dans cet immense ensemble chinois où le respect des libertés individuelles ne semble pas la prioritédes priorités. Car les révoltés du « New York de l’Asie » se battent pour l’état de droit et la démocratie alors que Donald Trump est prêt à faire la guerre, une fois de plus, pour garder l’impérium du dollar sur le Proche-Orient et s’attirer la reconnaissance de son allié israélien qui n’est d’ailleurs acquise d’avance. Au moment de la guerre d’Irak, Georges Bush fils avait tout de même présenté sa poursuite des « armes de destruction massive » de Sadam Hussein comme un semblant de croisade en faveur de la démocratie.
La Maison-Blanche ne sait plus du tout pratiquer ce genre d’habillage. Peut-être, après tout, est-ce plus franc. Ce côté « cash » pourrait être compté au bénéfice de Donald Trump lors de sa nouvelle campagne s’il n’était assorti d’indécision et de revirements fréquents.
Les Chinois « périphériques » – car le cas de Taïwan se rapproche de celui de Hong Kong – vivent depuis longtemps dans la culture du rapport de force sans vrai débat. Face à leurs cousins autoritaires des terres intérieures, ils savent que discuter des principes serait inutile. Le président américain illustre le même vide en sens inverse. Il se veut à la tête d’une grande puissance qui, quoi qu’il arrive, sait montrer ses muscles à défaut d’arguments plus savants. Peut-être est-il autant effrayé de l’incroyable croissance de l’arsenal militaire chinois que le sont les Hongkongais et… nous ? D’où le désir de briser l’axe Téhéran-Pékin qui constitue un vrai souci, notamment pour les compagnies pétrolières occidentales. Les Chinois continentaux n’ont pas l’air de faire grand cas de cette menace. Bien qu’arrivés au terme de la dérogation qui leur fut accordée lors de l’instauration des sanctions, ils ont fait savoir qu’ils continueraient à acheter du pétrole en Iran. Ils avaient déjà adopté le même comportement au fil des négociations un peu grotesques entre Donald Trump et Kim-Jong-il, affichant la plus grande indifférence face à ces gesticulations.
Quant à la France, notons pour l’anecdote qu’une jeune Hongkongaise, étudianteà Princeton, a lancé sur internet une pétition à succès demandant à Emmanuel Macron que la Légion d’honneur française soit retirée à Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de l’ancienne colonie britannique, trop alignée sur Pékin. Comme quoi, il y a des symboles venant de notre pays qui continuent à parler aux amoureux de la liberté !
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