Au café Le Rouquet, boulevard Saint-Germain à Paris, il est habituel d’assister à de nombreuses réunions estudiantines – pour la plupart politiques – le soir après les cours.
Ce 14 novembre 2017, Maël de Calan est au centre de l’attention. Le challenger de Laurent Wauquiez, est attendu au numéro 188 de l’axe germano-pratin afin de s’exprimer devant des militants et sympathisants républicains de Science Po, tout proche.
C’est avec confiance et bonne humeur que le candidat breton à la présidence du principal parti de droite du pays a rejoint une salle comble. L’assistance oscille gentiment entre “wauquiezistes” (les partisans de Laurent Wauquiez) et macronistes de la dernière heure, tous viennent de la rue Saint Guillaume.
Comble de l’ironie du sort – ou pas – : le breton Maël de Calan n’est autre que l’ancien président du RPR, puis de l’UMP, à Science Po au tournant des années 2000.
La volonté d’un renouveau dans les pratiques politiques
La ligne du conseiller départemental du Finistère est claire et tient en quelques mots : pour une droite modérée, libérale et europhile. Sa hantise ? La démagogie interne à son parti : “Nous ne pouvons pas promettre un renouvellement de nos pratiques en continuant de désigner des caciques candidats comme Rachida Dati ou MAM voire des personnes plus polémiques comme les époux Balkany ; place à la nouvelle génération”.
“Nous ne pouvons pas promettre un renouvellement de nos pratiques en continuant d’assurer leurs candidatures aux caciques qui ont fait leur temps”
Les pratiques sont aussi importantes que les idées, répète-il : “il est important de changer le visage du politique, de laisser la place à la sincérité”. Cette déclaration un brin utopique fait néanmoins du bien à l’heure où Laurent Wauquiez, le grand favori de la course à la présidence de LR, essuie plusieurs accusations de propagation de fake news et de changements de cap politique réguliers (notamment vis-à-vis du Front National).
Le partisan d’une droite europhile
Pour l’ancien « monsieur économie » d’Alain Juppé, la droite française doit renouer avec sa tradition humaniste et libérale, ce qui implique de rester “ouvert” à la majorité présidentielle centriste. Cela implique, selon lui, de replacer l’Europe au centre des débats en cessant d’en faire un bouc émissaire.
“Nous devons être fidèle à notre tradition humaniste et libérale”
Maël de Calan capte l’attention et promet de retravailler le discours européen au sein des Républicains. Pour lui cela passe par un meilleur choix des candidats soutenus par le parti lors des élections européennes : “nous ne pouvons continuer d’envoyer nos pires représentants à Strasbourg, nous ferons changer les choses quand nous y enverrons les meilleurs d’entre nous”.
Il existe une voie large et ouverte de ce côté bien que les dissensions soient palpables depuis 2005 au sein de la droite française. Celle-ci se retrouve entre deux eaux sur le sujet de l’Europe. Il ne sera pas si simple d’aplanir les positions et de clarifier un discours en demi-teinte depuis dix ans.
Une voix forte pour un discours flou
Conseiller municipal de la ville de Roscoff en Finistère Nord, passionné de voile et défenseur d’une droite “équilibrée sans être molle” tout en étant ferme sur les questions de sécurité et d’immigration, Maël de Calan assume ses penchants juppéistes et son appartenance à une mouvance de centre-droit. Il promet néanmoins de rester ferme sur les questions de la sécurité et de l’immigration, sans en dire plus. Exit également celle de la lutte contre le terrorisme qui n’a pas été évoquée ce soir, faute de temps.
Alors qu’il veut “cesser de dire aux adhérents ce qu’ils veulent entendre”, Maël de Calan peine à convaincre. Il semble lancer des propositions sans vouloir se donner les moyens d’y parvenir. Il finit par lâcher : “je ne suis pas entré au RPR (maintenant LR) pour me voir arriver au pouvoir”.
Cette réunion était celle de l’énoncé d’une ligne, pas d’un programme. Certains auditeurs auraient préféré plus de force de la part d’un jeune politicien de la trempe de Maël de Calan. Plusieurs sujets ont été survolés, notamment la possible continuation de la réforme de l’enseignement supérieur malgré la présence d’un parterre estudiantin.
Copyright de l’image à la Une : Les Républicains Science Po