Aux maths, Cédric Villani a préféré la politique. Le lauréat de la médaille Fields en 2010 a décidé de mettre sa carrière de mathématicien entre parenthèses pour se consacrer à sa nouvelle fonction de député.
Voilà maintenant plusieurs semaines que vous êtes installé à l’Assemblée Nationale. Comment avez-vous vécu vos premiers jours ?
On peut se sentir quelque peu désorienté au début puisque les premiers jours sont très exigeants. Nous avons été mobilisés sur tous les fronts, sans avoir pour autant de bureau, de collaborateurs ou de soutien matériel. C’est une sensation particulière…
J’ai vécu cette expérience de manière extrêmement positive et me souviendrai avec un grand plaisir de mon premier mois de mandature.
La réalité du métier parlementaire correspond-elle à l’idée que vous vous en faisiez avant d’entrer en fonction ?
Par certains aspects oui, même si par d’autres il reste encore une part importante de découverte ! L’exigence de la fonction est frappante, et difficile à appréhender même si l’on s’est rendu plusieurs fois à l’Assemblée nationale avant d’entrer en campagne. Les horaires qui peuvent changer du jour au lendemain, les séances de nuit, sont autant d’imprévus qui donnent souvent la sensation de devoir être constamment à deux voire trois endroits à la fois. Car commission, audition et réunion de groupe peuvent se chevaucher ! Tous les députés ont ressenti cette pression, notamment en devant travailler dans l’urgence sur la “loi confiance” avant la césure du mois d’août. Il n’en reste pas moins que j’ai vécu cette expérience de manière extrêmement positive et me souviendrai avec un grand plaisir de mon premier mois de mandature.
Etes-vous impatient, si vous ne l’avez pas encore fait, de prendre la parole dans l’hémicycle ?
Je ne suis pas particulièrement impatient de la prendre mais je suis certain qu’il s’agira d’un moment fort. Car lors de ma première visite de l’hémicycle en tant que député, le fait de pouvoir monter à la tribune m’a bien fait “ce petit quelque chose” ! Je me suis alors imaginé parler devant les autres élus dans cette configuration particulière…
Un élu doit se nourrir d’exemples concrets pour être à même de discuter des enjeux nationaux en connaissance de cause.
Concevez-vous plus votre futur rôle comme celui d’un porteparole actif, notamment en matière de contrôle parlementaire, ou plutôt comme celui d’un porteur de projet ?
Notre rôle est multiple, qu’il s’agisse de voter un texte ou de faire remonter jusqu’à l’hémicycle les expériences vécues sur le terrain, même si ce deuxième aspect ne figure pas clairement dans la Constitution. Un élu doit se nourrir d’exemples concrets pour être à même de discuter des enjeux nationaux en connaissance de cause. J’ai d’ailleurs été favorable à la suppression de la réserve parlementaire, car l’action d’un député à l’échelle locale ne doit pas se traduire, à mon sens, principalement par des moyens financiers. Un projet en particulier m’a déjà beaucoup occupé même s’il ne s’est pas encore traduit en actes : l’aménagement du plateau de Saclay dans l’optique d’accueillir l’Exposition universelle en 2025. Ce sujet local avec des déclinaisons nationales a déjà donné lieu à de nombreuses réunions avec les acteurs concernés. Plus largement, on n’imagine pas, avant de se faire élire, à quel point les travaux menés à l’Assemblée nationale sont structurés.. En tant que président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, je souhaiterais que cet organe puisse bien plus systématiquement enrichir les éclairages sur les projets de lois en discussion. Améliorer le contact entre scientifiques et politiques me tient particulièrement à coeur et je compte m’investir pleinement pour faire rayonner cet office à toutes les échelles.
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