The Enemy est une expérience de réalité virtuelle à vivre à l’Institut du monde arabe, du 18 mai au 4 juin prochain. L’occasion de découvrir un reportage de guerre d’un genre nouveau.
Munis d’un casque de réalité virtuelle, les visiteurs peuvent assister à des interviews, en face à face, de combattants participant à des conflits immémoriaux : Israël Palestine, République démocratique du Congo et Salvador. Le spectateur, face aux hommes, prend la place du journaliste, percevant alors davantage leurs émotions et leurs langages corporels.
Le réalisateur, Karim Ben Khelifa, est photo-journaliste et correspondant de guerre depuis 15 ans. The Enemy, à la convergence de la technologie et de la science, appréhende le journalisme sous un prisme nouveau. Cette réalisation instille également une certaine humanité aux conflits grâce à l’écoute attentive de ces hommes soldats.
Documentaire du futur ?
Cette expérience dure 50 minutes et propose à 20 visiteurs en même temps, chacun équipé d’un casque et d’un sac à dos-Pc, de se déplacer librement, sur un espace de 300m2. L’équipe technique a dû scanner le volume, la taille exacte et le langage corporel des combattants au cours des interviews.
Par cette technologie révolutionnaire, le réalisateur a souhaité rompre avec la représentation traditionnelle de la guerre livrée par les médias. En effet, les médiums classiques (reportages tv, etc.) peuvent être des freins et des filtres. Grâce à cette nouvelle perception, le public devient un acteur engagé dans le journalisme. Ben Khelifa a pour dessein de modifier le rapport des gens à la guerre, aux souffrances qu’elle engendre et à la violence. L’objectif est de faire vivre au spectateur une expérience sans barrières.
The Enemy fait également appel à l’intelligence artificielle et aux travaux de Fox Harrell (professeur associé au Massachussets Institue of Technologies). Chaque visiteur y vit une expérience unique. Son comportement, enregistré tout au long de l’installation, définit l’épilogue qu’il vivra.
Recherche d’une humanité partagée
Sont-ils si différents ? N’y aurait-il pas entre eux plus de similitudes que de différences ? Autant de questions auxquelles Karim Ben Khelifa tente de répondre grâce à The Enemy. En donnant la parole à ceux qui portent en eux la violence, en leur permettant de se dévoiler, d’exposer leurs motivations, mais aussi leurs rêves, il confronte les points de vue des combattants et les humanise.
Dans la pièce virtuelle consacrée aux conflits Salvadoriens, le visiteur fait la rencontre de Jorge Alberto Avalos, 43 ans, du gang de la Mara Salvatrucha et d’Amilcar Vladimir Vasquez ,36 ans, du gang Barrio 18 des Sureños. Parmi les questions posées à ces deux ennemis, l’une concerne leurs rêves :
– Jorge Alberto : « Mon rêve et mon désir, c’est de passer plus de temps avec ma famille, voir ma fille et mes petits enfants réunis . Vivre ensemble dans une maison sans avoir de problèmes ».
– Amilcar Vladimir : « Mes rêves, c’est de voir mes enfants devenir adulte, qu’ils vivent une vie différente de la mienne. Que ma fille crée une famille, que mon fils étudie, fasse une carrière, ait un avenir meilleur… De les voir grandir. Voir qu’ils atteignent leurs objectifs… c’est ça, mon rêve ».
De chaque côté de la ligne de front, les hommes portent des aspirations similaires, prétendant à une humanité partagée. Cette approche envisage les conflits d’un point de vue humain, une autre histoire que la guerre elle-même selon le réalisateur.
Crédits photos : © The Enemy
Informations :
The Enemy, dans le cadre de la troisième édition « Les rendez-vous de l’histoire du monde arabe » à l’Institut du monde arabe. Quatre jours d’une grande université populaire pour comprendre le monde arabe, son histoire et les enjeux qui le traversent. Du 18 au 21 mai 2017