Le musée Jacquemart André présente cinquante-trois œuvres appartenant à la collectionneuse espagnole, Alicia Koplowitz. De Zurbarán à Rothko, ses choix sont dictés par sa féminité et sa sensibilité.
Si vous pouviez constituer votre propre collection d’œuvres d’art, quelle serait votre sélection? Alicia Koplowitz[1], collectionneuse renommée en Espagne, a réuni, depuis une trentaine d’années, un ensemble d’œuvres maîtresses de la peinture espagnole du XVIème siècle à Rothko ou De Kooning. Pourquoi Paris ? Outre les liens personnels d’Alicia Koplowitz avec la capitale française, à l’orée du XXème siècle, de nombreux artistes étrangers s’y installent établissant alors la suprématie de la capitale en matière d’art.
Ramón de Miquel, ambassadeur d’Espagne en France, décrit sa collection comme un équilibre asymétrique entre peinture classique, moderne, contemporaine et sculpture. L’Art espagnol est mis sur un piédestal avec des œuvres de Francisco de Goya, de Pablo Picasso ou Juan Gris. Les expressionnistes abstraits américains d’après-guerre sont également représentés, Willem De Kooning et son Action Painting pour créer un réseau de lignes complexes, Mark Rothko et ses aplats de couleurs vives. La sculpture tient aussi une place importante, considérée comme une composante fondamentale de l’art pour la collectionneuse.
D’après Pablo Melendo Beltrán, commissaire de l’exposition, le fil conducteur se veut la représentation de la femme à travers les siècles avec différentes techniques, mais toujours une sensibilité, une empathie particulière. Les trois œuvres choisies[2] en sont une illustration :
« La liseuse» (1889)
Henri de Toulouse-Lautrec était fasciné par sa jeune voisine, Hélène Vary, il en fit plusieurs portraits en 1889. Toulouse-Lautrec réduit au minimum les accessoires et rend volontairement peu identifiable le mobilier pour se concentrer sur le rendu psychologique du personnage. Cette œuvre est entrée dans la collection Koplowitz en 2011.
« Femme au grand chapeau » (1906)
Ce tableau du peintre néerlandais Kees Van Dongen symbolise l’insolente liberté des années 1900, il fut le portraitiste emblématique de la société parisienne de cette époque. La composition classique de ce portrait est bousculée par l’utilisation d’un coloris fauve aux tonalités acides et par la provocante nudité du modèle. Demi-mondaine, courtisane ou femme du monde jouant la séduction ?
« La rousse au pendentif » (1918)
Ce tableau d’Amedeo Modigliani est une icône de cette collection. Une femme mélancolique à la chevelure incandescente sur un fond gris. À côté de l’œuvre, une citation de l’artiste: « d’un œil, observer le monde extérieur, de l’autre, regarder au fond de soi-même. »
Cette exposition est un cours d’histoire de l’art sur le sujet féminin, « Femmes au bord de la rivière » de Paul Gauguin, « femme à la robe bleue » d’Egon Schiele en passant par « Femme de Venise I » d’Alberto Giacometti. Vous avez jusqu’au 10 juillet pour admirer cette collection, rarement présentée au public.
[1] Alicia Koplowitz est l’héritière, avec sa sœur, de l’une des plus importantes sociétés espagnoles de BTP. Elle réunit cette collection via sa société d’investissement Grupo Omega Capital.
[2] Bibliographie : Le journal de l’expo, publication BeauxArts magazine, rédacteur en chef : Rafael PIC ;
Peinture en Une: « Femmes au bord de la rivière » de Paul Gauguin (1892) – huile sur toile, 31,8 x 40 cm
« La liseuse» de Henri de Toulouse-Lautrec (1889) – peinture à l’essence sur carton, 68×61 cm
« Femme au grand chapeau » de Kees Van Dongen (1906) – huile sur toile, 100×80,5 cm
« La rousse au pendentif » d’Amedeo Modigliani (1918)- huile sur toile, 92×60 cm
Crédits photographies : © musée Jacquemart André
Informations:
Musée Jacquemart – André: 158 Bd Haussmann, 75008 Paris
Ouvert tous les jours de 10h à 18h
Entrée: 13,50 euros / TR: 10,50