« Je suis ravi d’être ici, c’est une magnifique journée à Strasbourg. » Prêchant une majorité de convaincus, Justin Trudeau s’est aussi voulu rassurant envers ceux qui douteraient encore des bienfaits du CETA. Son discours, très branché « classes moyennes » et « familles », insistait beaucoup sur « les avantages tangibles » qui en découleraient pour les consommateurs ainsi qu’en termes d’emploi.
Invité par le président du Parlement européen, Antonio Tajani, le premier ministre canadien, s’est ainsi posé en allié de l’UE, affirmant partager des « valeurs communes » avec les pays qui la composent. « Le Canada sait qu’une voix européenne efficace sur la scène mondiale n’est pas simplement préférable, elle est essentielle » a-t-il déclaré, ajoutant que « le monde entier bénéficie d’une UE forte. » Aux anges, Antonio Tajani persiste et signe : à l’en croire, ce traité permettra de « réduire le fardeau bureaucratique pour les entreprises » et « va être un premier pas pour renforcer les liens » entre européens et canadiens.
Les doutes persistent
Interrogé lors d’une conférence de presse sur les craintes des opposants au traité, le président du Parlement européen a affirmé que « les citoyens européens et canadiens peuvent être tranquilles ». Les angoisses sont pourtant nombreuses et touchent plusieurs points : notamment la qualité des produits importés, la crainte du « boeuf aux hormones » dans les assiettes, la remise en cause des législations environnementales, sociales ou sanitaires de l’UE mais aussi la concurrence que vont subir les agriculteurs européens alors qu’ils peinent à sortir de leur propre crise. Autant d’inquiétudes auxquelles les deux dirigeants ont répondu d’une même voix, plutôt évasive. Pour Justin Trudeau, « cet accord est une chance permettant de démontrer que nous avons entendu ces craintes et que nous allons travailler ensemble pour les apaiser. » Tajani insiste quant à lui sur le fait que ce traité « protège les consommateurs ».
Une porte ouverte ?
Autre préoccupation : beaucoup craignent que cet accord donne trop d’importance aux multinationales, qui finiraient par engranger plus de pouvoir que les Etats eux-même. Là aussi, Justin Trudeau tente l’apaisement: « c’est pour cela que nous avons travaillé très étroitement avec l’Union européenne, pour avoir une nouvelle façon de défendre les gouvernements dans leur capacité à légiférer. » Avant d’ajouter : « Nous avons mis sur pied une nouvelle approche qui, je l’espère, sera un nouveau standard à travers le monde dans tous les accords suivants, reconnaissant que l’Etat souverain se doit de pouvoir protéger ses citoyens. » Echo favorable chez Antonio Tajani, qui assure que ce traité « est l’étape d’une nouvelle saison, d’une amitié renforcée entre l’Europe et le Canada ». Voire peut-être avec les Etats-Unis, compte tenu de la proximité géographique et du bilinguisme de leur voisin du nord. Enthousiaste, Justin Trudeau affirme avec une certaine poésie que « le meilleur reste à venir ». L’idéal serait, en effet, que le futur démontre que le traité n’est pas un accord conclu au seul bénéfice des puissants.
Photo en Une : © European Union 2017.