Paolin Pascot, Président d’Agriconomie et de la Ferme digitale En 2016, l’agriculture française aura connu l’une des périodes les plus noires de son histoire. Les pertes sur l’année se chiffrent à plusieurs milliards d’euros. Ceux qui en souffrent le plus sont les agriculteurs eux-mêmes : l’INSEE a ainsi indiqué que leurs revenus pourraient avoir
Paolin Pascot,
Président d’Agriconomie et de la Ferme digitale
En 2016, l’agriculture française aura connu l’une des périodes les plus noires de son histoire. Les pertes sur l’année se chiffrent à plusieurs milliards d’euros. Ceux qui en souffrent le plus sont les agriculteurs eux-mêmes : l’INSEE a ainsi indiqué que leurs revenus pourraient avoir chuté de 26% en 2016 alors qu’un tiers des agriculteurs gagne déjà moins de 400 euros par mois.
Ce chiffre ne fait que constater une tendance grandissante : le monde agricole va mal, de plus en plus mal. Ce sont chaque année davantage d’exploitations qui mettent la clef sous la porte. Nous ne pouvons pas nous résoudre à constater la disparition de 50% des exploitations agricoles françaises en 20 ans parce que les agriculteurs ne pouvaient plus vivre de leur métier !
Après l’énonciation des faits et l’indignation, on attendrait de nos responsables politiques qu’ils fassent place au débat et aux propositions, sans préjugés. Et là, force est de constater qu’à l’aune de cette nouvelle année électorale, les problèmes du monde agricole sont pourtant passés sous silence. Grande absente des débats, l’agriculture est pourtant l’un des moteurs de notre économie. En dépendent des centaines de milliers d’emplois, d’entreprises et d’exploitations agricoles, soumises à un système économique et législatif qui bride la compétitivité française et fait diminuer les revenus des agriculteurs.
Le Plan d’aide à l’agriculture annoncée par le Gouvernement à l’automne 2016 était une mesure nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Il n’est pas acceptable que ceux qui nous nourrissent ne soient pas en mesure de subvenir correctement à leurs besoins.
Face à cette situation, il est du devoir des candidats aux plus hautes responsabilités de prendre les mesures nécessaires pour préserver notre patrimoine agricole. La première proposition devrait être de garantir un revenu minimum aux agriculteurs. En travaillant jusqu’à 70 heures par semaine, un agriculteur créé de l’emploi et de la richesse pour l’économie française, sans être à l’abri de crises sanitaires ou météorologiques. Les agriculteurs ont besoin de garanties pour leur permettre de vivre et non de survivre.
Par ailleurs, les règles de productions agricoles, très différentes selon les pays, menacent l’équité des produits à l’import et à l’export. La France subit de plein fouet l’absence d’harmonisation législative sur ces sujets. Premier producteur et deuxième exportateur agricole de l’Union européenne, le pays a pourtant une voix forte à pousser à Bruxelles sur ce sujet, afin de fixer des règles équitables pour tous.
L’agriculture française est en train de vivre un tournant, elle est le berceau de notre économie et nous avons la chance de pouvoir compter sur de nombreux talents dont l’expertise n’est plus à prouver mais à préserver. Elle est aussi au cœur d’une transformation majeure, notamment grâce aux innovations numériques et technologiques. Les agriculteurs peuvent compter sur les nouvelles technologies pour créer une agriculture plus durable et plus performante. Ils ne demandent qu’à être soutenus dans ces transitions qui nécessitent des investissements conséquents.
Pour ne pas rater le coche, il est temps que les candidats à l’élection présidentielle s’engagent à préserver et à soutenir le monde agricole en portant la parole de milliers d’agriculteurs producteurs de richesses que nous consommons chaque jour.