C’est à la fois toujours pareil et pas tout à fait comme avant. La future élection présidentielle se dessine, à ce stade d’une longue pré-campagne, comme une équation à plusieurs inconnues. La particularité de ce cru 2017, cependant, réside dans la succession des coups de théâtre mettant à mal les nerfs des militants les plus convaincus. Après les Juppéistes, les Vallsistes viennent de voir à l’oeuvre « la guillotine à favoris », instrument vedette des primaires de droite puis de gauche. La nécessité de faire bonne figure supplantant toutes les autres considérations, les Fillonistes secoués par diverses révélations arborent un sourire qui pourrait tout de même être moins crispé. Ces différentes péripéties contribuent-elles à une véritable clarification du débat présidentiel ? La réponse est non. Pas du tout. Les primaires et les plateaux d’experts qui vont avec auront surtout fait le bonheur des médias audiovisuels, tout particulièrement des chaînes d’information continue. Grâce à elles, la politique-spectacle, qui n’est pas une nouveauté, s’échelonne désormais en épisodes de radio-crochet. Mais peut-on dire pour autant quels seront l’individu et les idées susceptibles d’engager dans peu de semaines le destin de la France et des Français ? Il faut en réalité se gendarmer pour ne pas gémir devant l’incertitude dans laquelle se trouve un grand pays comme le nôtre. Où serait, s’efforcera-t-on alors de penser, le charme de la démocratie si les jeux étaient faits d’avance ? Il n’en est pas moins assez sidérant de penser qu’une « majorité présidentielle » et une « majorité législative » – de préférence sur la même ligne – seront en principe à pied d’oeuvre fin juin. Alors que bien malin serait celui qui pourrait prédire, fin janvier, à quoi elles ressembleront…
Plusieurs scénarios semblent encore envisageables. Ils vont de l’apparition d’un candidat-surprise raflant la mise à l’effondrement des postulants – comme Emmanuel Macron ou Marine Le Pen – pourtant forts aujourd’hui d’un bon coussin d’intentions de vote, en passant par l’alliance inattendue des forces « progressistes » derrière Jean-Luc Mélenchon, etc. On peut même se risquer à une autre hypothèse de solution de l’équation. Sans doute parce qu’elle est celle de l’alternance sage et classique, elle ne paraît presque plus évoquée. C’est celle qui verrait le candidat de la droite et du centre (François Fillion, s’il parvient à faire oublier ses récents ennuis) l’emporter sur le candidat socialiste Benoît Hamon puis provoquer l’élection d’une majorité de députés sur son nom. Trop sommaire ? Certes. Mais « ne passons pas à côté des choses simples », comme le clamait naguère la publicité d’une marque de jambon.
Photo à la une : © Vernier / JBV News.