Vous souhaitez supprimer le Ministère de la Culture et de la Communication. Qui assurera son rôle de soutien financier de la production culturelle et artistique française et d’organisateur de manifestations culturelles ?
L’État doit se concentrer sur sa première responsabilité dans le domaine de la politique culturelle, qui est de protéger et de transmettre le patrimoine. Je plaide pour que cette mission soit confiée au Premier ministre. Pour le reste, il faut laisser les autres acteurs remplir leur rôle, notamment au niveau local par une politique culturelle décentralisée, comme cela se fait déjà avec les conservatoires par exemple. Le risque de confier la diffusion de la culture à un ministère est l’émergence d’une culture officielle dont il devient difficile de s’écarter. Cela participe au développement d’une pensée unique. Si l’on veut faire en sorte que l’expression artistique et la création artistique continuent de vivre dans notre pays, il faut d’abord protéger les artistes et leur donner un statut qui soit compatible avec les aléas de la création.
Nous avons besoin que ces personnes soient accompagnées dans ce hasard des temps : le hasard des prestations qu’ils peuvent faire, le temps de la création qui est nécessaire pour trouver à la fois l’inspiration, le temps de la réalisation, de la diffusion… C’est la grandeur d’une société que de permettre à ses artistes de vivre de leur production et de leur création. Il n’y a pas besoin d’un ministère pour cela !
De ce point de vue, le régime des intermittents est un bon régime, qui doit être protégé : ce qui pose problème, ce sont les abus liés à ce statut. Le statut des intermittents, ce sont les partenaires sociaux qui s’en occupent, comme ils peuvent mais de manière autonome, et c’est très bien ainsi. Dès que l’on trouvera des mécanismes plus incitatifs pour les mécènes, que ce soit des personnes physiques ou morales, afin qu’ils financent des forces de création, on n’aura plus besoin de recourir à la parole d’un État, qui doit distribuer des agréments, vérifier que tous les papiers sont disponibles et faire entrer la création dans une forme de circuit administratif antinomique avec l’idée même de création artistique.
Le septennat redonnerait aux élections locales leur caractère propre
Vous prônez le rétablissement d’un septennat présidentiel non renouvelable. L’autorité d’un président sans possibilité d’être reconduit ne s’affaiblira-t-elle pas à l’approche du terme de son mandat ?
Le rétablissement du septennat unique répond à deux exigences : donner suffisamment de temps au président pour mener à bien ses réformes, et faire en sorte que sa majorité retourne au moins une fois au cours du mandat devant les électeurs, avec les législatives, pour être confirmée ou infirmée. Le rétablissement du septennat redonnerait par ailleurs aux élections locales leur caractère propre.
Enfin, cette réforme aurait aussi le mérite de ne plus pousser le président candidat à sa réélection à oublier ses fonctions en fin de mandat. La confirmation de sa majorité en cours de mandat aurait également pour effet d’éviter l’affaiblissement de son autorité à l’approche du terme de son mandat puisque sa politique aurait été ré-approuvée par le peuple. Il en tirerait un effet de légitimation indéniable. Et dans le cas où sa majorité aurait été infirmée, il reviendrait au président de prendre ses responsabilités.
Pourquoi désirez-vous la baisse du nombre de membres du gouvernement (20 au lieu de 38 actuellement), mais aussi du nombre de députés (400 au lieu de 577) et de sénateurs (260 au lieu de 348) ?
Ces trois mesures sont motivées par le désir des Français d’une plus grande proximité avec des élus en moins grand nombre, qui auraient la capacité d’influencer la sphère politique. Par ailleurs, en diminuant le nombre de membres du gouvernement, on augmenterait le pouvoir et la crédibilité des ministères. De la même manière qu’en diminuant le nombre de parlementaires, on augmenterait leur pouvoir et les moyens d’action des deux chambres.
C’était aussi l’esprit de la réforme du Conseiller territorial, qui devait siéger au sein des deux Conseils, départemental et régional. Cette réforme devrait être rétablie pour être active en 2020 : un seul élu, désigné au scrutin uninominal, siègerait à la fois au Conseil départemental et au Conseil régional.
Photos : Jean-Frédéric Poisson / © Frédéric Ayroulet.