Membre du Siècle, très huppé cercle d’influence, père d’Audrey – l’énarque devenue ministre de la Culture, André Azoulay ressemble à un personnage de Proust tombé d’un tapis volant. Il connait la terre entière. Mais surtout les tours et détours des systèmes monarchiques. Celui du roi Mohamed VI dont il reste un conseiller proche, après avoir été beaucoup écouté par son père Hassan II. Celui, aussi, de notre cour républicaine qui ne dit pas son nom mais qui donne parfois l’impression de fonctionner en résurgence de la royauté. Rien d’étonnant à cela : ce Marocain resté toute sa vie fidèle à sa commune natale d’Essaouira (l’ancienne Mogador) figure, à soixante-quinze ans, parmi les plus grands passeurs d’idées du monde francophone : les échanges entre les cultures chrétienne, musulmane et juive) et les projets économiques ( tourisme et développement durable) le mobilisent encore en permanence, ainsi que le Printemps musical des Alizés qu’il organise chaque année à Essaouira. Jeune diplômé du Centre de formation des journalistes de Paris, il est entré chez Paribas pour s’occuper de communication bancaire, réussissant magnifiquement dans l’art de ne jamais en dire trop ou pas assez. Distingué, toujours tiré à quatre épingles mais plutôt souriant qu’austère, il sait à la fois s’esquiver en terrain mondain et batailler avec fougue lorsque l’essentiel (le dialogue judéo-arabe ou les relations franco-marocaines) paraît en cause. Le contraire d’un maladroit…
Un patrimoine commun
André Azoulay et son épouse, la femme de lettres Katia Brami, réussissent à attirer à Essaouira quantité de chanteurs poètes et musiciens, musulmans et juifs, autour de la mise en valeur d’un patrimoine commun, la musique andalouse notamment. Le “conseiller du roi” est également membre du groupe des Nations-Unies pour l’Alliance des Civilisations. Il a été élu et réélu président de la fondation euro-méditerranéenne Anna Linh. Dès 1974, il avait créé à Paris une organisation d’intellectuels juifs appelant à la création d’un état palestinien vivant en paix aux côtés d’Israël. L’écologie et la nécessité d’établir des passerelles entre les peuples au nom de la préservation de la planète donnent aujourd’hui de nouveaux arguments à cet infatigable créateur de liens.
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