À défaut de lever l’état d’urgence, il faut combattre le contexte « économique et social ». Pour François Hollande, l’un des aspects phares de cette lutte est l’inversion du chômage. Une condition sine qua non, bien que très floue, qu’il s’est imposée pour briguer un nouveau mandat en 2017 ; quitte à en faire une affaire personnelle au vu de la hausse croissante de demandeurs d’emploi supplémentaires depuis 2013, au nombre de 600 000. Dernière cartouche ou réelle volonté citoyenne, le plan des 500 000 formations supplémentaires tombe sur les épaules de Pôle emploi.
Meilleure qualification pour une meilleure insertion
Un milliard d’euros pour doubler le nombre de formations en l’espace d’une année ; en 2014, Pôle Emploi en avait déjà dispensé environ 420 000. Un objectif ambitieux que Jean Bassères n’en juge pas moins réalisable : « nous sommes convaincus que nous saurons relever ce défi ». Pour le président de Pôle emploi, l’absence de qualifications augmente le risque de chômage, les demandeurs d’emploi étant statistiquement moins qualifiés que le reste de la population active. De ce fait, l’annonce d’un financement massif est une aubaine : « en dépit des efforts financiers supplémentaires qui ont été menés ces dernières années, nous restions à des investissements en termes de formation inférieurs à d’autres pays européens comme l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne ou la Norvège ». Jean Bassères indique que le coût moyen d’une formation serait d’environ 2500 euros par personne, soulignant que toutes ne débouchent pas sur des emplois stables. Les métiers dits de « tension », qui connaissent des difficultés à trouver du personnel, sont déjà couverts par les programmes de formations prioritaires. Cap sur les emplois d’avenir. Les 500 000 offres annoncées devraient être réservées aux « emplois du futur », liés par exemple à l’économie verte ou aux nouvelles technologies. Autre annonce importante, une assistance renforcée auprès des créateurs d’entreprises, « leviers de la reprise d’activité » selon le président de Pôle emploi. L’objectif est de passer de 35 000 à 70 000 formations dans ce domaine. Pas de calendriers précis quant à la mise en place du plan 500 000, mais des réunions avec les Régions pour discuter des besoins de chaque bassin d’emplois.
Une restructuration de Pôle Emploi
Si le plan national occupe une place centrale dans la rentrée 2016, Pôle emploi procède également à de grands changements structurels. Au programme, une refonte de la prise en charge des demandeurs d’emplois. Désormais, les personnes concernées devront en premier lieu s’inscrire sur Internet, ce qui permettra de régler en amont les questions d’indemnisation. Le premier entretien assurera ainsi d’aborder directement les questions de diagnostic.
Le fonctionnement des agences, lui aussi, se modifie. L’après-midi, leur accueil sera fermé ; le but étant de mettre en place, avec son conseiller référent, « des relations plus approfondies qui permettent de construire et d’accompagner un projet de formation ». Les syndicats CGT, FO, SUD et FSU protestent déjà contre cette mesure qu’ils jugent contre-productive et qui risque d’handicaper fortement ceux qui n’ont pas accès au net. Qu’à cela ne tienne, Jean Bassères prévoit de mettre à disposition du matériel informatique dans les agences, ainsi qu’un accompagnement par une équipe de 1800 jeunes effectuant leur service civique.
Une transparence pas toujours assumée
Désormais, les résultats de chacune des 869 agences seront rendus publics, avec « quatre indicateurs importants et représentatifs » : le volume des retours à l’emploi, les délais d’indemnisation, la satisfaction des demandeurs d’emploi et celle des entreprises. Ainsi, en 2015, 3,7 millions de demandeurs d’emploi ont pu retrouver un emploi de plus d’un mois, soit une augmentation de 3,2 % par rapport à 2014. 93% des demandeurs d’emploi ont été indemnisés dans les délais. Côté satisfaction, deux demandeurs d’emploi sur trois se déclarent satisfaits, avec un taux de 65% pour les entreprises.
Il existe un dernier indicateur, celui de la taille des portefeuilles de chaque agence par catégorie de suivi. Sur son site Internet, Pôle emploi déclare que chaque conseiller gère un portefeuille (NDLR : un nombre de demandeurs d’emploi) plus ou moins important en fonction du type d’accompagnement. Pour la catégorie la plus légère, qui s’adresse aux demandeurs les plus autonomes et proches du marché du travail, le conseiller peut être en charge de 200 à 350 personnes.
D’importantes disparités se dessinent néanmoins en regardant la taille des portefeuilles de chaque agence par catégorie de suivi. Quelques unes ont une moyenne de 400 à 450 dossiers par conseiller. À l’agence de la Tour du Pin dans le département de l’Isère, ce nombre grimpe jusqu’à 1 125 personnes, soit quatre à cinq fois plus que les chiffres annoncés. Au président de Pôle emploi de tempérer :« je me concentre sur les résultats, pas les moyens », ajoutant qu’« il sera beaucoup plus intéressant de comparer les indicateurs au fil du temps plutôt qu’entre agences à un instant T ». Il faudra donc vérifier ces données en fonction des futurs chiffres…. Et des autres agences pour vérifier l’absence de causalité entre moyens et résultats.
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