Trotskisme et syndicalisme étudiant
Ce fils d’un père d’origine grecque et d’une mère picarde écrit les premières lignes de son histoire politique à l’Université. Car, à l’instar de plusieurs leadeurs socialistes s’étant construits loin des circuits classiques de Sciences Po et de l’ENA, les mouvements de jeunesse et le syndicalisme étudiant ont servi d’école de tous les engagements. En rejoignant l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme (AJS) en 1969, ce “gaucher contrarié” fait le choix d’une gauche extrême, celle des trotskistes du courant Lambert, qui s’impose comme son père spirituel. Ce dernier n’hésite pas à lui confier les rennes de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) dès 1977, renforçant son implication dans la lutte estudiantine dont il devient l’un des principaux représentants.
Le théoricien de la “gauche plurielle”
Brillant dans ses discours et habile dans sa gestion politique (il œuvre à la réunification des franges anti-communistes de l’UNEF), il ne passe pas inaperçu aux yeux de François Mitterrand. Le président socialiste saisit vite la valeur d’un semblable interlocuteur, dont l’influence auprès des étudiants semble grande. La route vers le parti à la rose semble dès lors toute tracée. “Camba”, comme il est surnommé, devient député du XIXe arrondissement de Paris en 1988. Cette place acquise au Palais Bourbon marque le début d’un activisme important, notamment dans la lutte contre le Front National, qui le conduit à fédérer un grand nombre de réseaux autour de lui. À partir de 1994, il organise une série de forums dans le cadre des “Assises de la transformation sociale”, rassemblant une grande partie des courants de la gauche (écologistes, socialistes, communistes). Ce rapprochement débouchera sur l’avènement de la “gauche plurielle”, qu’il a théorisé et qui offre à Lionel Jospin une majorité pour gouverner, entre 1997 et 2002.
Un strauss-kahnien à la tête du PS
Son entrée dans le nouveau millénaire fut entachée par deux affaires d’emplois fictifs, la première lui ayant valu une condamnation à six mois de prison avec sursis et 100 000 francs d’amende. La seconde, prononcée en 2006 et relative à l’affaire de la Mnef, solde à peu de choses près les mêmes mécomptes. Ces peines légères ne le priveront à aucun moment du droit d’être élu, qu’il exerce de manière ininterrompue en tant que député de Paris, de 1997 à 2012. Après avoir contribué à la création du courant “Socialisme et démocratie” aux côtés de jospinistes et de rocardiens, il finit par trouver en Dominique Strauss-Kahn la figure de synthèse la plus à même d’incarner la social-démocratie à laquelle il aspire. C’est sans doute sur ces positions réformistes et réalistes, notamment en matière d’efficacité économique, qu’il tentera d’engager le PS dont il a pris la direction le 15 avril dernier.