Un entretien avec Frédéric Besset, ancien maire de Saint-Leu-d’Esserent dans le département de l’Oise.
Après un mandat de maire, vous décidez de ne pas vous représenter. Bien loin du désenchantement, vous publiez un livre pour rendre hommage à ces six années écoulées. Quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Ces six années de maire à Saint-Leu-d’Esserent ont été formidables, très riches humainement. Je me suis senti utile aux 5 000 citoyens de la ville, parce que j’ai pu améliorer profondément et visiblement leur vie quotidienne. Oui, le volontarisme paye ! Pour y parvenir, j’ai élaboré une approche un peu neuve, sans étiquette politique, afin de mettre un coup de talon à la politique locale, en lui donnant une approche citoyenne. Avec une équipe très compétente, composée de plusieurs adjoints de grande qualité, nous avons créé une convergence d’énergie qui a engendré un bilan riche et satisfaisant. Tout au long des mois, notre action a été guidée par l’ambition d’établir un lien entre toutes les catégories d’habitants et les problèmes différents. Mon livre raconte cette histoire, décrit mon vécu dans ce mandat de maire, qui est selon moi le plus beau de tous.
A mesure des différents scandales, le désaveu envers les politiques grandit. Pourtant, vous soutenez que le maire est moins victime de cette inquiétante crise de confiance. Pourquoi ?
Les derniers sondages sont unanimes : les Français ont majoritairement confiance en leur maire. Même si ces résultats sont satisfaisants, il ne faut pas s’en satisfaire parce que ce mandat est une bataille quotidienne : agir sur la fatalité, se mobiliser, proposer, encourager, convaincre… Pour être crédible, il faut être irréprochable. C’est d’ailleurs en ce sens que j’ai abandonné mon activité professionnelle, afin d’être totalement dévoué à mes concitoyens. Je précise que le non-cumul des mandats me semble indispensable à la démocratie.
Par ailleurs, contrairement aux élus nationaux, le mandat de maire a un avantage : il permet de constater immédiatement les conséquences d’une décision stratégique. Quotidiennement, les gens voient concrètement l’action menée. Il est donc important qu’un maire soit accessible et cherche le contact, tout en ayant une vue sur l’intérêt général. Par exemple, lors d’un décès, je me déplaçais y compris dans la nuit pour soutenir les familles. Elles y étaient très sensibles.
Vous insistez beaucoup sur le devoir de transmission du maire. Quel est-il ?
Le maire est un héritier qui doit transmettre un héritage, puisqu’il est en fonction pour un temps déterminé. J’ai la fierté d’être le 31ème maire, depuis la Révolution, de Saint-Leu-d’Esserent. Il y a ici un devoir historique de transmission de valeur du progrès et l’obligation d’assurer une succession de qualité à son successeur. Avec un objectif : celui qu’être maire reste, dans l’avenir, le plus beau des mandats.
Vous vous dites convaincu de la nécessité d’aller au bout de la démocratie représentative. Comment ? Pourquoi ?
Les citoyens donnent leur confiance aux élus pour qu’ils agissent. Il me paraît donc nécessaire que chacun d’entre eux se concentre sur un mandat dans une durée limitée, afin d’optimiser leur efficacité. Ce serait un acte de changement et de modernisation des institutions territoriales françaises, auquel je constate la population aspire fortement. La question du revenu du maire par exemple, beaucoup trop bas chez nous contrairement aux autres pays, est selon moi à faire évoluer.
Être maire, le plus beau des mandats
Frédéric Besset
Victoires éditions
158 pages
12,50 €
Propos recueillis par Colombe Dabas