Comment s’annoncent les négociations commerciales pour 2013 ?
L’un des aspects majeurs est celui du pouvoir d’achat. En tant que point de rencontre entre le monde agricole, les transformateurs et les consommateurs, il nous faut gérer un paradoxe : les agriculteurs, les industriels veulent que la hausse de leurs coûts soit reconnue tandis que les consommateurs désirent des prix plus bas. S’il y a des tensions ce sera autour des demandes de hausses tarifaires.
Dans cette situation, nous n’ignorons pas que les enjeux diffèrent selon les acteurs, il est nécessaire de se reporter aux particularités de chacun, une PME française ne peut pas être « traitée » comme un grand groupe international.
Comment parvenir à conserver des prix stables et bas ?
Système U fait partie des deux enseignes les moins chères de France. Depuis de nombreuses années nous apportons, par notre développement, de la croissance à nos fournisseurs, de nature à amortir les coûts fixes de nos partenaires par les volumes. Il faut également continuer à rechercher des gains de productivité à la fois dans la chaîne de distribution (logistique) mais aussi sur le plan commercial en privilégiant les prix bas permanents plutôt que les accoups promotionnels.
Le contexte de crise économique et de sous-consommation va-t-il davantage tendre les négociations ?
Ne serions-nous pas plutôt dans un changement d’époque ? En réalité, le consommateur évolue. Finalement, son intérêt ne porte plus essentiellement sur les produits premier prix qui ont d’ailleurs tendance à moins se vendre. L’essentiel de ses attentes s’oriente vers le bon rapport qualité-prix. Ainsi, les clients veulent donner du sens à leur achat, en se préoccupant également des emplois en amont de la chaîne de production. La marque U s’inscrit au centre de cet équilibre puisqu’elle est fabriquée à 80 % par des PME françaises. Lorsque toutes ces données sont conjuguées, les produits des terroirs français obtiennent une place de choix.
La tendance dite du “achetez français”, opère-t-elle un rapprochement des distributeurs avec l’industrie française et les producteurs locaux ?
C’est tout l’intérêt d’harmoniser la filière alimentaire. La grande distribution capte les évolutions et les tendances car elle est au contact des clients. Il lui est alors possible d’associer les PME agroalimentaires françaises et l’agriculture pour satisfaire l’évolution de la demande.
En outre, de nombreux débats portent sur la qualité gustative des fruits et légumes. Par exemple, nous avons avec les producteurs remis à la mode la Gariguette et la Marat des bois face à la déception envers les fraises importées d’Espagne. Ainsi, les critères ont changé. Nous empruntons de moins en moins le chemin d’un produit qui soit, certes plus économique, transportable et esthétique, pour revenir progressivement sur la voie de l’excellence gustative, nutritionnelle, et environnementale.
Les enjeux du transport rapprocheront- ils les industries agroalimentaires et la distribution ?
Il existe déjà des pistes d’optimisation des transports avec des gains à la fois économiques et écologiques. J’en veux pour preuves le développement dans notre coopérative d’un maillage progressif du territoire avec des entrepôts de petites dimensions, le coût des derniers kilomètres étant plus intéressants en proximité. L’an prochain, nous allons en construire trois autres, un investissement d’environ 200 millions d’euros avec 500 à 600 emplois à la clé. Ainsi, le groupe se rapprochera à la fois des industries agroalimentaires et des consommateurs tout en agissant pour l’emploi, l’environnement et la baisse des prix.
Propos recueillis par Laëtitia Desnous