À une voix près, le Rassemblement national (RN) a obtenu l’adoption d’une proposition de résolution par l’Assemblée nationale visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968. Une première au sein de l’institution.
Voilà une « journée que l’on peut qualifier d’historique » d’après Marine Le Pen, la présidente du RN, qui n’a pas tardé à exhorter le gouvernement de «tenir compte du vote de l’Assemblée». Le Premier ministre Sébastien Lecornu a répondu vouloir « respecter » cette mesure (soutenue par les élus LR et Horizons), tout en rappelant que «la politique étrangère de la France n’est pas faite par des résolutions au Parlement». «C’est le président de la République qui est le garant des traités, les négocie et les signe », a-t-il précisé. L’Algérie n’accorde d’ailleurs aucune valeur à ce texte au motif qu’il s’agit d’un accord intergouvernemental.
Cette dénonciation demeure donc essentiellement symbolique. Plus concrètement, elle consiste à mettre fin aux « facilitations» migratoires dont bénéficient les Algériens depuis 1968 sur le sol français. D’abord conçu comme un instrument de coopération après la guerre d’indépendance, le traité de 1968 cristallise désormais de nombreux différends franco-algériens. Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, Macron ne peut « ignorer » ce vote.
Cette exception migratoire en Europe divise. Tout comme le vote de l’Assemblée en raison du régime qui gérerait l’immigration algérienne en l’absence d’alternative. Quand certains craignent « un déferlement migratoire » à l’instar du député EPR Charles Rodwell, d’autres s’inquiètent d’un retour aux accords d’Evian de 1962. Une chose est sûre : le Premier ministre tient à « renégocier » ce texte qui n’arrange en rien des relations diplomatiques déjà très tendues entre les deux pays.

