Chaque année, le 14 février, chocolats, roses rouges et boîtes en forme de cœur envahissent les rayons des supermarchés. Moins connue, la veille de la fête des amoureux a lieu une journée mondiale néanmoins capitale : celle du préservatif.
Fondée en 1987 par l’association AIDS Healthcare, la journée mondiale du préservatif est l’occasion de sensibiliser aux pratiques sexuelles consenties et sans risques. L’occasion de rappeler la veille de la Saint-Valentin l’importance de se protéger contre les Infections sexuellement transmissibles (IST), dans le contexte de débats houleux autour de l’éducation sexuelle.
Elargir l’accès aux produits et aux services de soins et de santé sexuelle
Certaines entreprises comme Terpan font de cette ambition leur cheval de bataille. La PME, basée à Galladron en Eure-et-Loir et fondée en 1986 avec pour objectif de protéger les travailleuses du sexe de l’infection du VIH, n’a cessé de s’agrandir depuis. A travers sa marque Smile, Terpan distribue des préservatifs, des gels lubrifiants, des lingettes intimes et autres produits de soins en France et dans le monde entier grâce à ses partenariats avec des associations comme le Planning Familial ou des ONG telles que Médecins du monde, Médecins sans frontières ou AIDS.
C’est aussi le premier distributeur de préservatifs en France, qu’ils soient externes (dits « masculins ») ou internes (dits « féminins »). Car oui, les happy hats (chapeaux joyeux en anglais) existent aussi pour les femmes. Un fait que beaucoup ignorent d’ailleurs, selon Alexandra Guérin, Responsable Recherche & Développement et Qualité chez Terpan.
« Le préservatif interne est un levier de libération et d’émancipation pour les femmes, tant en en termes de contraception que de protection contre les IST ».
Celui-ci présente pourtant de nombreux atouts : possibilité de le poser huit heures avant un rapport, adaptation à toutes les morphologies, conduction de la chaleur, accessibilité sans ordonnance et surtout gratuité pour les moins de 26 ans.
Distributeur historique de ce dispositif depuis 1999, Terpan s’engage à le valoriser davantage auprès des jeunes, notamment des femmes, comme un outil de « prise en main de leur santé sexuelle de manière proactive ». Selon Alexandra Guérin, si le mouvement #Metoo a mis en lumière les nombreuses violences et agressions sexuelles à l’encontre des femmes, « les hommes sont encore souvent décisionnaires en matière de protection sexuelle » dans les relations intimes, et la disponibilité du préservatif interne reste limitée dans les centres de santé ou les cours d’éducation à la sexualité.
Alexandra Guérin se dit donc satisfaite du programme d’éducation sexuelle porté par Elisabeth Borne, qui a vu le jour début février et qui rendra obligatoire trois séances annuelles spécifiques. Il s’inscrit dans la lignée des politiques publiques développées ces dernières années en matière de santé sexuelle, entre autres la mise en place de la gratuité des préservatifs, externes et internes, de la contraception d’urgence hormonale depuis 2023, ainsi que des tests de dépistages des IST.
Les préservatifs délaissés par les jeunes ?
Ces politiques visent aussi à palier la forte baisse de l’usage du préservatif, en particulier chez les jeunes. Un rapport de l’OMS datant d’août 2024 montre en effet que la proportion d’adolescents utilisant un préservatif est passé de 70 % en 2014 à 61 % en 2022 chez les garçons et de 63 à 57 % chez les filles, et a considérablement diminué depuis 2014. L’enquête de l’Inserm sur la sexualité des Français arrive aux mêmes conclusions, tout comme une enquête interne à Terpan en date de 2023.
Pour Alexandra Guérin, cette baisse s’explique par une « méconnaissance des conséquences entraînées par l’absence de protection ». Parce que « les IST ne font plus peur », parce qu’« on peut vivre avec le VIH », les jeunes peinent selon elle à prendre la mesure de la lourdeur des traitements et des effets graves de ces infections – le VIH, mais aussi la chlamydia, la gonorrhée, l’herpès et la syphilis – sur la santé. Terpan a donc décidé de mener une campagne « choc » en 2025 visant à alerter tous les publics sur les dangers de cette mésinformation.
« 25 % de nos sondés pensent encore qu’une hygiène intime peut réduire le risque d’infection, et 5% ont cité la pilule contraceptive comme protection contre les IST ».
L’oubli, le refus du partenaire (le plus souvent masculin) et les stéréotypes liés à la diminution du plaisir, de la sensibilité ou à la difficulté d’utilisation sont autant de freins à l’utilisation du préservatif qui mettent en péril la santé sexuelle des jeunes et contre lesquels la Journée mondiale du préservatif permet de lutter.