Après des décennies d’exil en périphérie, le commerce revient dans les cœurs de ville avec la ferme intention de s’y intégrer. Illustration avec le Groupe Point.P (Distribution de matériaux de construction).
Un entretien avec Patrice Richard, président du directoire du Groupe Point.P.
Depuis quand Point. P revient-il dans les centres-villes ?
La simplicité et l’origine de nos métiers repose sur une implantation historique sur les berges puis s’est peu à peu déplacée vers la périphérie. Depuis 15 ans, nous repensons ce modèle pour revenir dans les cœurs de ville, en ouvrant des surfaces se mesurant en centaines et non plus en milliers de mètres carrés. Nous sommes ainsi présents dans Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, etc., plus dans une logique de proximité que de grande distribution.
La vocation du Groupe Point.P, au travers de ses 10 principales ensiegnes, est de proposer ses services tout en intégrant son activité dans la ville. Porter nos solutions avec le maximum d’attrait et le minimum d’impact négatif au cœur de la ville pose en effet d’importantes contraintes en termes de logistique, d’environnement, de social, etc.
Quels défis cette démarche implique-t-elle de relever en matière de logistique ?
Le vrai défi concerne la rénovation des bâtiments par les professionnels, qui implique d’importants flux et la manœuvre de matériaux lourds, difficiles à stocker en ville. Le Groupe Point.P s’est donc implanté au plus près des chantiers pour informer et proposer ses compétences tout corps d’état, comme par exemple à proximité du métro Stalingrad à Paris avec La Plateforme du Bâtiment. Nous pouvons livrer le client dans un délai de deux heures, depuis des stocks situés en dehors de la capitale. Toute cette finesse logistique nous permet d’être implantés dans la cité, avec des solutions pour l’amont (plateformes regroupant les marchandises pour une livraison unique quotidienne) et pour l’aval. Bien que manipulant des matériaux très lourds, Le Groupe Point.P est parvenu à adopter une logistique de proximité, proche de ce que réalise le commerce alimentaire par exemple, qui lui aussi revient dans les cœurs de ville, dans des circuits où l’on raisonne en centaines de mètres et où l’on évite les bouchons et de consommer de l’essence.
Dans quelle mesure cela nécessite-il de travailler avec les élus ?
Ce n’est pas une option. Vendre des matériaux de construction en ville nécessite une vraie collaboration avec les élus et les pouvoirs publics. Nous devons rentrer dans les contraintes fixées par les autorités en matière de foncier, de trafic routier, d’émissions de CO2…
Plus le Groupe Point.P est proche des chantiers, plus il a de chances de vendre ses produits. Voilà pour la fin de la chaine. Le commencement, c’est s’intégrer dans la cité, comprendre ses habitants et leur environnement. Et pour cela, entrer en contact avec les acteurs locaux.
À l’origine de tout se trouve le foncier qu’il faut bouger, réduire, densifier, dont il faut améliorer la performance énergétique ou esthétique. Une fois que nous nous sommes glissés dans les contraintes, l’implantation se déroule bien.
Vous favorisez également l’emploi local…
En banlieue où se trouvent l’essentiel de nos points de vente, nous travaillons beaucoup avec les Maisons pour l’emploi (à Nanterre ou à Pantin notamment) mais également l’AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) ou les Compagnons du devoir. Le Groupe Point.P favorise l’état d’esprit des candidats plutôt que les compétences brutes, qui elles peuvent s’acquérir dans l’entreprise. Notre recrutement est plus basé sur une approche comportementale des collaborateurs, sur leur capacité à devenir, à se transformer, à apprendre. À Nantes, Paris et Marseille, nous avons implanté trois écoles de formation pour les nouveaux arrivants, pour leur apporter des savoirs de base mais aussi spécifiques à leur métier. Nos collaborateurs bénéficient dans ces mêmes écoles de formations tout au long de leur carrière au sein du Groupe.
Qu’en est-il de l’impact environnemental de votre activité ?
Surface plus petites, logistiques déportées, flux optimisés en amont et en aval, utilisation de péniches pour livrer… permettent d’économiser des milliers de tonnes de CO2 chaque année. Toutes nos constructions et rénovations font l’objet d’un soin particulier en matière d’efficacité énergétique (étanchéité, isolation, lumière, chauffage, rejet d’eaux usées…). Le développement durable, c’est aussi informer le client sur les complexes réglementations thermiques, les certificats d’énergies, les aspects phoniques, etc. Nos vendeurs transmettent de la compétence et de l’information technique aux clients. Les publications papier et les sites internet de nos différentes enseignes sont un autre vecteur d’information. Des bornes interactives ont aussi été installées dans certains points de vente pour une meilleure pédagogie, par exemple pour présenter des simulations de projet et de rénovation énergétique. L’écran devient un élément central dans la vente : l’image, le son, la vidéo facilitent l’échange avec le client.