Pouvez-vous nous parler de l’opération de réhabilitation des entrepôts de la Sernam à Pantin ?
Ces entrepôts sont réhabilités par le groupe Point.P qui souhaite y créer la première surface multi-enseignes de France. L’ex-halle de la Sernam est un site particulier : il s’agit de la plus grande halle commerciale de l’hexagone, d’une surface de 30 000 m². Dédiée aux professionnels du bâtiment, elle réunit six enseignes et permettra de créer une centaine d’emplois sur le site.
Lors de l’inauguration du chantier en 2012, la Ville a signé une Charte entreprise et Territoire avec la société Saint-Gobain/Groupe Point.P. Cette charte souligne le rôle social de l’entreprise avec comme objectif la contribution au développement local ou encore l’amélioration du cadre de vie des salariés. Point.P a en effet souhaité intégrer le développement durable dans l’ensemble de son projet de réhabilitation.
Outre le fait que cet espace sera certifié HQE et BBC Effinergie, aura une consommation énergétique peu élevée et utilisera des matériaux à faible impact environnemental, la phytorestauration sera aussi utilisée. De quoi s’agit-il ?
La particularité de ce projet tient au travail de recherche réalisé autour de l’eau afin d’obtenir un « zéro rejet » des eaux pluviales et des eaux usées par la récupération, le traitement ou l’évapotranspiration.
Le choix des aménagements paysagers fait autour des entrepôts privilégie les espaces verts avec la création d’une surface importante de 9 569 m² autour de deux structures végétales : une trame herbacées vivaces et une trame haute d’arbres. Quant à l’intérieur du site, de nombreuses aires végétales sont utilisées, notamment par l’utilisation de vivaces.
Sur la récupération et la gestion des eaux, le « zéro rejet » implique d’agir sur tous les domaines où l’eau est présente. Ainsi, un mécanisme de récupération, traitement, stockage et réutilisation de l’eau pluviale a été mis en place, idem pour les eaux de toitures. Pour les eaux de voiries, potentiellement polluées celles-ci sont traitées via une filtre de piégeage qui récupère les métaux lourds et les hydrocarbures. Cet espace paysager a pour but de limiter le rejet des eaux traitées dans le réseau en favorisant leur infiltration dans le sol et leur évapotranspiration par les plantes, notamment les saules. Dans le processus sont créées des zones humides artificielles (2 800m² pour les eaux polluées et 1 300m² pour les eaux usées) qui permettent la reconstitution des processus épuratoires se déroulant naturellement, la biodiversité participant activement à l’épuration de l’eau.
Le projet comporte aussi un large volet orienté biodiversité. Les zones humides sont conçues pour assurer un véritable renouvellement du patrimoine naturel des diverses populations en voie de disparition (insectes, oiseaux, batraciens…) et ce de manière volontaire. Ainsi, le site permettra de mettre en place des écosystèmes équilibrés permettant de favoriser à la fois la dépollution et la biodiversité.
Peut-on parler d’exemple en matière de rénovation écoresponsable ?
Bien évidemment ! Cette opération est un exemple du genre de par la qualité du projet, pensé à chaque étape avec le filtre du développement durable, mais également son ampleur. Si les facteurs environnementaux orientent aujourd’hui la construction de bâtiments, la réhabilitation HQE et ISO 26 000 d’un ouvrage de cette taille et ce caractère architectural est tout à fait remarquable du point de vue de la responsabilité sociétale.
Je suis fier qu’une ville comme Pantin soit précurseur en matière à la fois de responsabilité sociale des entreprises et de qualité environnementale. Cela prouve qu’aujourd’hui l’exemple peut venir des banlieues et que l’on peut vivre à l’extérieur du périphérique avec un bâti sain et une qualité environnementale de premier ordre.