Bachelier à 16 ans, licencié de philosophie à 20 ans, le jeune Vincent Peillon commence à militer dans la mouvance trotskiste, travaille pour la Société des wagons-lits puis crée une société d’importation de saumon fumé, avant de devenir enseignant en philosophie en 1984, puis de passer l’agrégation. Repéré par Pierre Moscovici, il entre en 1992 au cabinet du président socialiste de l’Assemblée nationale, Henri Emmanuelli, dont il écrit les discours. Il obtient la même année un doctorat en philosophie. Député de la somme en 1997, député européen à partir de 2004, ce proche d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon (avec qui il anime le Nouveau Parti socialiste) défend le « non » au référendum sur la Constitution européenne puis soutient Ségolène Royal, dont il sera le porte-parole, en 2007.
Déjà en 2007, il s’y voyait. Il lui aura finalement fallu attendre 2012 pour devenir ministre de l’Éducation nationale. Le poste a même bien failli lui échapper au profit de Martine Aubry. De l’avis de tous pourtant, Vincent Peillon est l’un plus qualifiés pour prendre en main “le Mammouth”. Fin connaisseur des penseurs socialistes et républicains, professeur en lycée de 1984 à 1997, il connaît également le monde de la recherche (il fut détaché deux ans au CNRS entre 2002 et 2004). Pendant la campagne, c’est lui qui est chargé du dossier de l’éducation dans l’équipe du futur président de la République. En 2017, de son bilan rue de Grenelle dépendra en grande partie celui de François Hollande à la tête de la France.
“Je demande à être jugé sur deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse” avait déclaré le nouveau locataire de l’Élysée le soir de sa victoire. Vincent Peillon a désormais à charge la création de 60 000 postes dans l’enseignement pendant le quinquennat, en plus des remplacements des départs à la retraite, après la suppression de 80 000 postes sous la droite. Mais il impose aussi sa patte, notamment dans les programmes : outre la morale laïque, dont le contenu reste à définir, les jeunes Français apprendront dès le CP une langue vivante et les usages du numérique. Vincent Peillon entend laisser une trace au ministère de l’Éducation nationale, poste pourtant très précaire. S’il réussit, il pourra alors viser plus haut…