Quelles sont les grandes orientations de l’appel à manifestation d’intérêt « Ambition Recherche et Développement 2020 » ?
Le soutien à la recherche est une priorité majeure de notre schéma régional de développement économique et social. Avec ses 5 000 chercheurs, la région se classe au neuvième rang français et arrive en tête des régions du bassin parisien (hors Île-de-France) pour le nombre et la part de chercheurs dans la population. Sur le plan de la dépense intérieure de recherche et développement, elle occupe la huitième place nationale. Le bon niveau de compétitivité de nos laboratoires trouve pour partie sa source dans la politique mise en œuvre par la Région. Malgré ces résultats intéressants, le Centre se situe encore dans la moyenne des régions françaises dans les indicateurs de la recherche. C’est pourquoi nous voulons anticiper la future politique de cohésion européenne (2014-2020) de renforcement des capacités de recherche et d’innovation des régions sur un nombre bien délimité d’objectifs. Nous avons donc décidé, au-delà d’un soutien accru à la recherche régionale, de contribuer à faire émerger deux à trois pôles de recherche et de développement d’envergure internationale, de nature à attirer des chercheurs de hauts niveaux et à porter une dynamique forte de développement en région.
Dans quelle mesure l’innovation aide-t-elle la création d’emplois régionaux durables et non délocalisables ?
Les régions sont aujourd’hui les véritables chefs de file du développement économique, et à ce titre en première ligne pour porter l’innovation. Les mutations technologiques profondes et la rapidité croissante des cycles économiques, exigent de la part des entreprises une capacité de détection très pointue des besoins nouveaux et des productions d’avenir. L’innovation permet aux entreprises non seulement de se maintenir sur leur marché en créant de nouveaux produits ou de nouveaux services mais également de se développer localement comme à l’international et de créer des emplois. La pérennité de ces emplois repose sur la pertinence de ces choix industriels et de services, porteurs de compétitivité. C’est pourquoi nous avons initié le « diagnostic innovation croissance » proposé déjà à plus de 1 000 entreprises, qui présente une expertise globale pour développer l’innovation, soutenir la collaboration entreprises/recherche et renforcer au besoin le capital humain. Ce dispositif, qui permet la détection des projets innovants et leur accompagnement, s’avère tout à fait probant. L’interaction avec les acteurs publics ou privés de la recherche et de l’innovation constitue un facteur important qui renforce leur ancrage local et favorise la création d’emplois de haut niveau et non délocalisables.
Quels sont les axes prioritaires du développement économique régional ?
Nous avons mis en place un ensemble d’outils adaptés aux nécessités des entreprises industrielles et de services en matière de création, de recherche et développement, de soutien à l’international, de formation et d’emploi. Pour élever le niveau technologique et de performance des entreprises, nous misons sur l’élévation du niveau de qualification. Nous soutenons dans ce sens le développement de l’enseignement supérieur et le potentiel de recherche des universités et des organismes de recherche publique dans leur relation avec la recherche privée. Les politiques publiques doivent désormais concilier étroitement développement économique, social et environnemental pour relever des défis de l’avenir. C’est pourquoi nous engageons résolument la Région Centre dans le développement du très haut débit et le développement de l’économie verte. Enfin, notre région fait une priorité du développement local en accompagnant les initiatives privées, individuelles ou sous forme associative, porteuses de développement économique et social.
Quelle stratégie économique comptez-vous mettre en place pour développer les clusters et pôles de compétitivité ? Quel potentiel la région Centre possède-t-elle en la matière ?
Dans un contexte économique complexe, les décisions doivent privilégier une approche collective. À ce titre, la Région Centre soutient activement les démarches d’innovation des entreprises organisées en réseaux, fédérées en quatre pôles de compétitivité et neuf clusters pour réindustrialiser nos territoires. Ces pôles constituent une force essentielle pour animer le tissu économique régional et identifier les projets porteurs d’innovation et d’emplois. Ils contribuent grandement à l’activité et au rayonnement régional. C’est pourquoi nous les accompagnons avec détermination et travaillons à renforcer leur visibilité nationale voire internationale. Notre région possède quatre pôles de compétitivité, Cosmetic Valley (sciences de la beauté et du bien-être), DREAM (« Durabilité de la ressource en eau associée aux milieux »), Élastopole (caoutchouc et polymères) et S2E2 (« Sciences et systèmes de l’énergie électrique ») qui regroupent 440 entreprises et près de 70 000 emplois. Nous comptons également neuf clusters : Aérocentre (industrie aéronautique), Nekoe (innovation par les services), Polepharma (production pharmaceutique), Shop Expert Valley (aménagement des espaces de vente), Valbiom (valorisation de la biomasse), PICF (mécanique), ARIA (agro-alimentaire), AGHIR (autonomie dans le handicap) et le pôle automobile. Ces clusters représentent près de 400 entreprises pour 70 000 emplois.
En quoi les dispositifs régionaux favorisent-ils des initiatives locales innovantes ? Quels freins subsistent encore ?
La Région a mis en place des actions de sensibilisation et d’accompagnement des PME à l’innovation sur l’ensemble du territoire régional afin de permettre à chaque entreprise de se situer et de bien identifier les actions à conduire pour son développement. Il manque cependant parfois aux entreprises des moyens humains au niveau souhaité pour les conduire. Ces politiques doivent par conséquent s’accompagner d’un effort de formation. C’est pourquoi notre région déploie des actions très conséquentes tant en faveur de la formation initiale que tout au long de la vie. Par ailleurs nous accompagnons avec détermination les projets de développement issus des initiatives locales. Un appel à projets baptisé « ID en Campagne » permet d’accompagner les dynamiques portées par les habitants des territoires ruraux. Il est destiné à valoriser des synergies nouvelles et des projets innovants en matière d’économie et d’emploi, de services de proximité, d’environnement naturel et culturel. Cette volonté de soutenir l’activité en milieu rural, alliée au maintien de services publics de proximité dans les transports, la santé et les loisirs participe d’un développement équilibré et cohérent du territoire régional.
Enfin, quelle place accordez-vous à la recherche ? Dans quelle mesure permet-elle le développement endogène comme exogène du tissu économique régional ?
Dans cette période particulière où la crise fragilise nos économies, nos entreprises, nos territoires, il est primordial d’avoir des laboratoires qui se développent et des entreprises porteuses d’avenir. C’est pourquoi la recherche et l’innovation constituent des priorités vitales pour notre Région. Depuis cinq ans, nous avons doublé le budget de la recherche et nous allons l’augmenter de 50 % sur le mandat en cours. Nous soutenons à la fois la recherche d’initiative académique et la recherche d’intérêt régional, en lien avec les enjeux socio-économiques de notre territoire. La recherche participera au développement économique si nous savons en accompagner les transferts et la valorisation et la rendre encore plus accessible pour les entreprises, au même titre que l’attractivité. La Région prend une part très active dans le soutien au pôle régional d’enseignement supérieur Centre Val de Loire Université, afin de structurer les actions de valorisation de la recherche et d’accompagnement des projets de coopération avec les acteurs socio-économiques. Des moyens sont mobilisés pour la détection de projets pouvant trouver un débouché économique au sein des laboratoires des universités et l’accompagnement de jeunes entreprises issues de la recherche. Un fonds de maturation et un fonds d’amorçage sont mis en œuvre dans ce sens.