À l’issue de la 40e édition des Journées des communautés urbaines de France, vous assumerez la présidence de l’ACUF.
Qu’est ce que cela représente pour vous ?
Tout d’abord je voudrais saluer l’excellent travail orchestré par mon ami Gérard Collomb, pour avoir structuré une présidence dans la durée suite aux changements de statuts que nous avions collectivement décidé, il y a quatre ans. En effet, afin de renforcer notre position au sein des associations d’élus et pour porter la voix des agglomérations et métropoles nous avions décidé de ne plus changer de président à chaque assemblée générale mais bien d’inscrire la présidence dans une durée compatible avec le temps de l’action gouvernementale, et ce d’autant plus dans un contexte de forte mutation des territoires. J’ambitionne durant cette présidence, de poursuivre le travail effectué par Gérard, de continuer à entretenir cette excellente relation que nous avons entre toutes les agglomérations et métropoles membres de l’association et surtout défendre dans un esprit de complémentarité, le rôle majeur et nécessaire de nos agglomérations. Ne nous trompons pas, à travers le travail de l’ACUF et de l’Association des maires des grandes villes c’est la réalité de la France des villes que nous devons illustrer et défendre.
Il faudra bientôt mettre en œuvre l’acte III de la décentralisation. L’ACUF aura-t-elle un rôle à jouer, notamment pour accompagner les élus ?
Bien évidemment, elle aura un rôle majeur à jouer. Et nous l’avons déjà entamé avec nos amis de l’AMGVF et Michel Destot, avec l’AdCF et Daniel Delaveau, avec le GART et Roland Ries, avec la FNAU et Vincent Feltesse. Nous défendons une position commune que nous avons exprimée auprès du gouvernement et de notre président François Hollande. Le XXIe siècle sera celui des villes, des territoires urbains. Il y concentrera tous les défis. Ce fait incontestable doit se traduire dans la décentralisation actuellement en discussion dans une logique de subsidiarité, de multi-gouvernance et de contrat avec l’État et les autres niveaux de collectivités.
Huit communautés urbaines dépassent le seuil de 500 000 habitants et lll lll peuvent quitter le statut de communauté urbaine pour celui de métropole. Est-ce de nature à remettre en cause l’existence de l’ACUF ?
Pas du tout ! Bien au contraire ! Nous défendons l’idée, dans cette nouvelle décentralisation, de tirer vers le haut l’ensemble de la structuration des agglomérations de notre pays. Nous souhaitons élargir le cercle des communautés urbaines aux agglomérations désireuses de poursuivre leurs intégrations, quelles que soient leurs populations. Et nous serons très offensifs sur le nouveau rôle de quelques grandes métropoles qui jouiraient d’un statut particulier aux prérogatives élargies afin de jouer un rôle majeur dans la concurrence européenne et internationale des grandes villes.
La question du financement local préoccupe de plus en plus les élus. L’idée d’une “agence de financement des collectivités locales” avait émergé, sous l’impulsion de l’ACUF notamment. Selon vous, ce projet a-t-il une chance de voir le jour ?
Je reste convaincu de sa nécessité. Il ne faut jamais oublier le rôle majeur des collectivités locales dans le dynamisme de la commande publique. Plus de 70 % de celle-ci provient des territoires et contribue très fortement au maintien de l’activité économique locale et au développement de l’emploi. Dans un contexte vraisemblablement durable de crises et de tensions sur les marchés de l’emprunt, il faut “sécuriser” les possibilités de lever de fonds à des taux acceptables pour les collectivités afin qu’elles puissent pleinement jouer leurs rôles de services publics et de soutien à l’économie locale. Nous devons poursuivre la discussion avec l’État, mais je reste persuadé qu’un accord peut être trouvé.
Sur quelles priorités la réflexion des membres de l’ACUF devra-t-elle porter au cours des prochaines années ?
Plusieurs priorités se dessinent je pense. La première concerne indéniablement le renforcement de la relation urbain-rural afin d’éviter les stéréotypes d’opposition pour véritablement construire des formats institutionnels épousant la réalité des bassins de vie et la référence aux SCOT offre un contraste auquel il nous faut réfléchir. La seconde concerne la préparation de la présence du suffrage universel dans l’élection des membres des agglomérations et le nouvel équilibre avec les communes. Il ne faut pas que cette mutation se fasse dans un contexte de tension mais bien dans le cadre de la définition d’une nouvelle gouvernance. Enfin le chantier de la fiscalité, des ressources financières et la juste péréquation sera au cœur des enjeux des territoires.
Michel Delebarre en quelques dates…
•2012 : Élu à la tête de l’Association des communautés urbaines de France
•2011 : Élu sénateur du Nord
•1998 : Élu président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais
•1995 : Élu président de la Communauté urbaine de Dunkerque
•1992 : Ministre d’État, ministre de la Fonction publique et des réformes administratives
•1990 : Ministre d’État, ministre de la Ville
•1989 : Élu maire de Dunkerque
•1986 : Élu député du Nord (réélu jusqu’en 2011)
•1984 : Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle
•1982 : Directeur de cabinet de Pierre Mauroy, alors Premier ministre
•1968 : Secrétaire général adjoint du Comité d’expansion du Nord-Pas-de-Calais
•27 avril 1946 : Naissance à Bailleul (Nord)