La France s’aprette à recevoir les Jeux Olympique en cet été 202. Cet événement hors-norme a nécessité l’investissement et la participation des collectivités accueillant les épreuves. Le président de la République, Emmanuel Macron, avait déclaré, lors de ses vœux devant les acteurs des Jeux, que cet accueil permettra d’ « avoir un héritage et, dans la durée, un changement inédit de la place du sport dans notre nation. ».
Un budget en conséquence
Les développements des aménagements liés aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ont conduit à un investissement en conséquence par l’État et auParis, mais également par les autres collectivités et villes hôtes de l’évènement.On découvre dans les documents qui accompagnent le Projet de loi de Finance 2024 que 2,44 milliards d’euros sont affectés à l’accueil et à l’organisation de ces Jeux. Ce montant s’accompagne de dépenses externes qui s’élèvent à 270 millions d’euros. La majeure partie de ces financements publics est consacrée aux ouvrages olympiques (la construction ou la modernisation de ces équipements) ; 68 en tout ; pour un’investissement qui atteint les 1,7 milliard d’euros, une somme bien au-dessus de ce qui avait été annoncé en 2018. Le cabinet Astères évalue la facture finale générale à 11,8 milliards d’euros pour ces Jeux Olympiques, somme qui se divise entre 6,6 milliards d’euros de dépenses privées et 5,2 milliards de dépenses publiques.
Se sont en totalité 73 collectivités qui devraient accueillir ces jeux qui demandent une organisation stricte. L’addition pour les villes se répartit ainsi :
- 553,4 millions d’euros sont estimés pour la construction, reconstruction ou le complément d’équipements. Une somme dont les territoires justifient par leur utilisation/ utilités post-évènement ;
- Environs 111 millions d’euros sont dédiés aux centres de préparation (chiffre qui correspond uniquement aux collectivités ayant fait appel à un cofinancement de l’État) ;
- 18 millions d’euros pour le passage de la flamme olympiques ;
- 0,2 million d’euros consacrés au programme « 1,2,3 Nagez ».
Un village olympique au chantier titanesque
Pour pouvoir accueillir les 23 500 athlètes et leurs équipes, le gouvernement a mis à disposition 542 millions d’euros en plus des 646 millions investis par les pouvoirs publics pour la construction du village olympique, un projet titanesque dont la somme s’élève à plus de 2 milliards d’euros (dont le reste des dépenses se repartit entre la région Île-de-France, les mairies concernées, le Conseil départemental, la mairie de Paris et la Métropole du Grand Paris). Ce village des athlètes recouvre 52 hectares et s’étend sur trois territoires : Saint-Denis ; Saint-Ouen-sur-Seine ; Île Saint-Denis. L’objectif de ce projet est de toujours penser à l’après JO afin de redynamiser le territoire. Un enjeu au coût amortissable puisque le village sera transformé en un « quartier multi-usage » (logements, activités économiques, commerces, équipements publics…) à la fin de l’évenement. Cet espace dont sept hectares sont végétalisés est censé incarner l’urbanisme du XXI siècle, sans doute une chance pour ces villes, mais cela implique pour le moment des problématiques territoriales provoquées par les poussières et les nuisances sonores..
L’implication des collectivités
À côté de ces promesses, le département de la Seine-Saint-Denis, qui concentre 80% du financement public des JOP, a dû investir pour moderniser, construire ou réhabiliter un certain nombre de ses équipements, qu’ils soient sportifs (centre aquatique olympique…), de mobilité (comme le prolongement de la ligne 14 du métro, les rénovations de gares…) ou d’infrastructures publiques. Des investissements d’envergure, souvent appuyés par la Solideo ou le COJO. Le Département a par conséquent investi 55 millions d’euros pour la construction du Hub rugby, bien que celui-ci n’accueillera aucune épreuve olympique ou paralympique. Fin 2023, la Seine-Saint-Denis disposait d’un budget de 75 millions d’euros.
Près de 180.000 billets vont être distribués gratuitement aux Dionysiens, dont 30.000 ont été offerts par le COJOP.
Le label « Terre de Jeux », initié en 2019 par Tony Estanguet, a été attribué à 2800 collectivités. Il contribue à la valorisation des acteurs locaux du sport et à encourager les actions et les évènements sportifs (en liens avec les jeux) sur les territoires.
La ville de Marseille, qui détient ce titre, va recevoir les épreuves de voiles (sur 12 jours), 10 matchs de football Olympique dans l’enceinte de l’Orange Vélodrome et les 817 athlètes participants, le tout sur 10 sites sportifs différents.
La cité phocéenne a ainsi procédé à un grand aménagement territorial de travaux de voirie et d’ouvrage pluvial :aussi bien à terre que sur le domaine maritime :
- le projet de la marina olympique ;
- la rénovation du stade nautique du Roucas-Blanc, 7 .000 2 de bâti ;
- la réorganisation de 17.000 m2 d’espaces extérieurs et du bassin.
Marseille dispose de trente-quatre centres de préparation, repartis sur son territoire métropolitain. Toutes ces infrastructures rassemblent la somme de 320 millions d’euros et sont subventionnés par le département à hauteur de 120 millions d’euros.
L’ambition inclusive et cohésive qui pousse les métropoles à investir dans la participation au JOP, s’intègre aussi au sein d’agglomérations et de villes plus réduites. La Communauté d’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines, par exemple, détient une enveloppe de 5,5 millions d’euros consacrée à la construction et à la réhabilitation d’équipements sportifs en vue des JOP. L’agglomération va en conséquence accueillir un nombre important d’épreuves : celles de golf, de BMX racing, de cyclisme sur piste, de cyclisme moutain bike (VTT) ainsi que de paracyclisme sur piste. Un accueil qui pèse lourd sur sa gestion, puisque d’après un article de La Gazette publié en février 2024, l’agglomération se trouve dans un contexte perturbant et exceptionnel. Elle doit ainsi travailler davantage sur ses orientations stratégiques pour éviter une dette trop importante en dépit d’ un taux de financement qui sera « conjoncturellement très faible ».
L’accueil des Jeux olympiques et paralympiques représente une réelle force de promotion de la pratique sportive. Le bénéfice est grand aussi pour la dynamisation et la valorisation des territoires, notamment ceux labellisés Terre de Jeux et qui accueilleront des épreuves ou la Flamme Olympique. Mais l’aventure recèle un coût avec de nombreux risques d’imprévus. Tout ne peut pas non plus être accomodé dans la même sauce budgétaire car les dépenses liées aux JO chevauchent d’autres projets notamment en matère de transports et d’aménagements territoriaux. Si l’Etat reste le premier investisseur et voit déjà son budget initial largement dépassé, les finances des collectivités locales, villes et métropoles, se voient aussi bousculées en leur ensemble.