Dans la nuit du 12 au 13 mars, les élus corses et le gouvernement ont trouvé un accord prévoyant une « écriture constitutionnelle de reconnaissance d’autonomie » de la Corse au sein de la République. Une évolution susceptible de séduire d’autres territoires.
La Corse vient de négocier avec le gouvernement, représenté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un accord prévoyant l’inscription de son autonomie au sein de la Constitution. L’île dispose en effet depuis 1991 d’un statut particulier, qui lui permet l’élargissement des prérogatives de l’Assemblée régionale, laquelle dispose de pouvoirs propres, lui conférant une relative autonomie.
Cette notion d’autonomie présente un caractère polysémique variable en fonction du territoire concerné et de la population qui la revendique. Dans le cadre de la Corse, l’autonomie se manifeste par la revendication d’une gestion décentralisée par rapport à la métropole en fonction de besoins politiques et territoriaux spécifiques. Les revendications corses découlent entre autres d’une montée du souverainisme et d’un sentiment régionaliste qui se divise entre indépendantistes et autonomistes, associés autour de priorités territoriales partagées.
Le dossier corse n’est pas isolé dans l’ensemble national. D’autres territoires français ont déjà pu bénéficier d’évolutions particulières : la Polynésie française notamment, depuis 2003, grâce à une modification de l’article premier de la Constitution fixant l’indivisibilité de la nation. Mais aussi Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna. Ajoutons-y le « statut particulier » de la Nouvelle-Calédonie et des Terres Australes et Antarctiques (TAAF). Dans le cas de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie, une dizaine de « lois du pays » est votée chaque année respectivement par l’Assemblée et le Congrès. Elles rejoignent celles de la République.
Le statut d’autonomie est en revanche tabou aux Antilles. Guadeloupe, Martinique et Guyane voient dans celui-ci la perte des acquis sociaux de la départementalisation : une égalité de traitement avec l’hexagone auquel elles tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. A La Réunion enfin, l’autonomie avait été évoquée puis rejetée une première fois dans les années 70-80. Plus récemment en 2002, la réforme de la décentralisation a relancé cette perspective. Un sondage a montré que seuls 6% des habitants y étaient favorables. La Corse, en revanche, est désormais appelée à bénéficier de ce fameux statut d’autonomie.
Si l’instauration d’un dialogue à ce sujet signe une avancée pour l’île, il ouvre la voie à des doléances nouvelles allant vers plus d’autonomie encore. L’Alsace se positionne depuis plus de dix ans sur le projet d’une collectivité alsacienne, initié par Olivier Becht. Le référendum de 2013 n’a pas abouti mais la restructuration régionale qui a intégré l’Alsace dans le Grand Est a suscité un nouveau vent contestataire. Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d’Alsace, espère que la situation corse va permettre de relancer le débat du projet Alsacien et tendre vers une sortie du Grand Est.
La Bretagne, de son côté, prend également position : Loïg Chesnais-Girard, président de la Région, a adressé un courrier au ministre de l’Intérieur ainsi qu’au président du Sénat dans lequel il indique explicitement vouloir bénéficier du même statut que la Corse.
L’argument principal avancé par ces territoires est toujours le même. Il reste fondé sur la critique d’une France trop centralisée et productrice de normes souvent inadaptées aux besoins spécifiques de populations plus que jamais attachées, dans un monde chahuté, à l’originalité de leur héritage culturel.