Un groupement de commandes avec le Grand Dijon
Sa silhouette futuriste parcourt désormais la rue de Siam, ces “Champs-Élysées” brestois et les 14,3 km du trajet : un coup de jeune sur cette grande ville grise ! Le design du tramway et son nez en forme de vaguelette, telle la proue du navire fendant l’écume, a été retenu par un jury de 120 personnalités. La couleur anis symbolise la rencontre entre la terre et la mer qui caractérise tant cette pointe de la Bretagne.
Le centre de maintenance ultramoderne et écologique de Plouzané, véritable centre névralgique du réseau, abrite les 20 rames. Chacune des 28 stations utilise abondamment l’esthétique grise du granit breton. Quant à la plate-forme du tram, elle alterne le béton et les surfaces engazonnées. Le célèbre pont de Recouvrance a également revêtu pour l’occasion une nouvelle travée mobile à même de permettre le passage du tram.
Le renouvellement urbain a accompagné la venue du tramway : quartiers de Recouvrance, Pontanézen, places de Strasbourg et des Français Libres, rues de Siam et Jean-Jaurès, plateau des Capucins, Coat Tan… On peut le dire : le tram a tiré de sa léthargie cette cité à l’architecture un tant soit peu rigide et austère héritée de l’après-guerre. Il est d’ailleurs à ce titre, et comme a tenu à le rappeler lors du discours officiel François Cuillandre, maire de Brest et président de la Communauté urbaine, la principale opération d’urbanisme menée depuis cette période de reconstruction.
Aucune solution technologique innovante n’a cependant été ici retenue comme le serait sur d’autres réseaux l’Alimentation Par le Sol (APS). C’est plutôt dans la mutualisation, avec le Grand Dijon, de l’achat de 52 rames à Alstom qu’il faut sans doute voir l’originalité du tramway de Brest. Elle a permis 30 % d’économie et a réduit la facture à 106,5 millions d’euros, dont 42,6 pour Brest.
En 2001, l’idée du retour du tramway à Brest – disparu dans les bombardements de 1944 – était lancée. En 2006, la réalisation était confiée à la “SemTram”, société de transport en commun. Et en 2007 devait être retenu le choix d’un tramway “fer” sur rail. Cette même année étaient attribués les marchés publics. Ce furent au total huit ans de réflexion dont trois de chantier. Le budget total s’est élevé à 383 millions d’euros.
Renforcer le rôle métropolitain de Brest
Brest était jadis une ville militaire à la réputation d’austérité, repliée sur son arsenal et son port militaire. Mais dès les années soixante, la ville entamait sa mue. Elle se tournait désormais vers son arrière-pays (toute la moitié Ouest de la péninsule bretonne), accueillant des étudiants avec l’Université de Bretagne occidentale (UBO) et impulsant des infrastructures économiques et de recherche. Acteur central de ce processus, la Communauté urbaine de Brest, créée en 1974, est devenue en 2005 “Brest Métropole Océane”.
À son tour, le tramway contribue à ce phénomène de métropolisation. Il renforce l’attractivité de la métropole finistérienne. Car bien plus encore qu’un mode de transport et un vecteur de transformation urbaine, il se conçoit comme un formidable outil de promotion d’un territoire. Il est porteur d’image de marque et un élément à part entière de son marketing urbain ; des conditions indispensables pour affronter les défis du XXIe siècle et la compétition entre collectivités. Bientôt, de nouvelles infrastructures affirmeront plus encore la place de Brest au sein du Grand Ouest : salle de spectacle Polygone (cinq millions d’euros pour 2014), salle Mac Orlan à Recouvrance, téléphérique urbain (15 millions d’euros pour en 2015).
Par Olivier Sourd