Hier s’achevait l’exposition « Soulèvements » au Jeu de Paume, à Paris. Le commissaire de l’exposition, le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman, a choisi de donner à voir les « forces » qui provoquent le soulèvement et comment elles se traduisent : par des « éléments déchaînés », des « gestes intenses », des « mots exclamés », des « conflits embrasés » et des « désirs indestructibles ».
Si l’imagination peut, par sa force créatrice, « soulever des montagnes », il semble bien que l’artiste, dans son mouvement créateur, se soulève contre l’ordre établi. Comme le dit Gilles Deleuze dans Pourparlers (1990), « Créer n’est pas communiquer mais résister ». Une œuvre d’art, qu’elle possède un caractère politique ou pas, laisse échapper une manière de percevoir la réalité qui va au-delà des conventions. Créer, c’est résister – résister à l’ordre, à la norme –.
« Se soulever est un geste », écrit Georges Didi-Huberman. En effet, un bras qui se lève suffit à exprimer la plus grande des rebellions. Se soulever peut aussi être un mot, qui devient performatif. C’est-à-dire que la puissance du mot donne, à elle seule, corps à la résistance. On retrouve cela dans les tracts, par exemple, ou lorsque le dadaïste Raoul Hausmann ajoute « merde » sur une de ses œuvres. Quand dire, c’est faire…
Photographies, dessins, articles de presse, tableaux, collages, vidéos, documents audio, installations… Autant de supports artistiques qui nous permettent de saisir toutes les dimensions du mot « soulèvement », d’y mettre des visages, des noms, des mots, et à Georges Didi-Huberman de nous rappeler qu’« il y a tant de gens, dans l’histoire, qui sont morts de s’être soulevés ».
Images : © Jeu de Paume.