Pour Jean-Bernard Conrad, président du SER, l’objectif de ce livre blanc est de « contribuer activement aux débats nationaux dans ce domaine ». En effet, 50% des accidents de la route sont liés à la mauvaise qualité des infrastructures. Si chaque année, le nombre de morts et de blessés augmente, le budget accordé aux routes et à leurs équipements, lui, diminue. Il y a donc, selon le SER, un important travail à mener à ce niveau-là.
Plusieurs catégories à risque
Certains usagers sont vulnérables face à des infrastructures non adaptées ou détériorées. Marc Bertrand, chargé de mission Sécurité Routière de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), insiste sur le problème de la conception même des infrastructures routières qui ne sont pas adaptées aux deux-roues, comme les bandes à relief de séparation ou la disparition rapide de l’éclairage, qui empêche la visibilité des motards la nuit. Il ajoute que les deux-roues, qui sont les usagers les plus sensibles, sont aussi ceux qui abîment le moins les routes.
Autre catégorie fragile, les séniors : ils représentent seulement 9,2% de la population mais 14,4% de la mortalité routière. 50% des piétons morts sur la route ont plus de 75 ans. Or, en 2030, on estime que le nombre de plus de 60 ans sera de 20 millions. Il devient donc nécessaire d’adapter la signalisation à la France de demain. Selon Marie-Laure Seux, médecin gériatre et responsable de l’Hôpital de jour d’Évaluation Gérontologique de l’Hôpital Broca, le vieillissement provoque une perte des sens. Par exemple, une personne âgée ne voit un panneau qu’à 65 mètres, tandis qu’un jeune de 20 ans le perçoit à 100 mètres. Elle préconise de travailler sur la visibilité et la lisibilité de la signalisation. Pour Christophe Ramond, directeur Études et Recherche pour l’Association Prévention Routière, les séniors sont sensibles au stress, surtout dans des situations complexes, et sont donc souvent mis en cause dans des accidents qui impliquent leur responsabilité.
Développer la « mobilité intelligente »
Le SER souhaiterait par ailleurs que les pouvoirs publics s’engagent plus amplement sur la voie de la route intelligente. Le nombre d’accidents pourrait en effet se réduire de 30% grâce aux voitures autonomes. Or, la France est en retard dans ce domaine. Pour permettre le meilleur fonctionnement de ces véhicules, il est nécessaire d’avoir une signalisation claire et en bon état, ce qui n’est pour l’instant pas le cas. La route intelligente permettrait également une meilleure sécurité des piétons, au niveau de l’éclairage par exemple en les rendant visibles quand ils passent.
Pour Pierre Calvin, président de l’Association pour le développement des techniques de transport, d’environnement et de circulation (ATEC ITS), l’avenir est à la « mobilité intelligente » : il faut considérer l’évolution du besoin de déplacement dans les zones urbaines, périurbaines et rurales, et s’y adapter. Pour lui, la voiture individuelle n’est plus « l’objet de mobilité de demain ». Les véhicules doivent s’adapter à un nombre de passagers plus importants : la voiture doit devenir un « bien collectif ».
« 10 propositions concrètes pour améliorer durablement la sécurité routière »
Les propositions du SER, qui vont être présentées aux candidats à la présidentielle dans le but de les sensibiliser à cette question, sont les suivantes :
- Intégrer des critères liés à l’état de la route et de ses équipements dans les statistiques d’accidentalité ;
- Généraliser les enquêtes techniques indépendantes à l’ensemble des accidents de la route ;
- Établir une cartographie annuelle de l’état des routes et de ses équipements ;
- Utiliser les crédits formation pour renforcer les compétences techniques des gestionnaires de voirie en matière d’équipements de la route ;
- Organiser une opération de remplacement de la signalisation routière installée sur le territoire français depuis plus de 20 ans ;
- Créer une commission « Séniors et sécurité routière » pluridisciplinaire au sein du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) ;
- Nommer un délégué interministériel pour favoriser la synergie entre tous les acteurs impliqués dans la route de 5ème génération ;
- Déployer la route de 5ème génération en donnant la préférence à l’exploitation intelligente des infrastructures existantes ;
- Nommer un membre du Syndicat des Équipements de la Route pour siéger au Conseil National de la Sécurité Routière ;
- Rapprocher la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routière (DSCR) et la Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer (DGITM).
Retrouvez l’intégralité du rapport sur www.equipements-routiers-et-urbains.com/content/livre-blanc-securite-routiere.
Photo en une : Jean-Bernard Conrad, président du SER / © SER.